Peut-on en finir avec les préjugés ?
Peut-on en finir avec les préjugés ?
(sujet 2007 du bac de philo TES)
Un préjugé précède tout jugement et constitue l'opinion ayant fait l'économie de l'activité délibérative de la raison. Préjuger, c'est opiner avant même de juger.
On comprend donc que les préjugés n'aient pas bonne réputation. Pourtant, est-il certain qu'il faille nécessairement les dénigrer ?
La solidité des préjugés, leur force, capables d'orienter la pensée, n'ont-elles vraiment aucune vertu ?
En un mot, si les préjugés peuvent mettre en échec la raison, ne constituent-ils pas aussi ce qui nécessairement fonde son exercice ? Croire qu'on peut en finir avec les préjugés, n'est-ce pas opter pour un nouveau préjugé ? N'y a-t-il pas un préjugé rationaliste que de croire que la raison pourrait avoir toujours raison ? Ce sujet nous renvoie à la question de savoir si l'on peut tout démontrer.
I° On ne peut pas en finir avec les préjugés
Car nos préjugés sont
a) naturels : l'enfant préjuge que ses parents lui disent la vérité
b) nécessaires : il faut bien faire confiance à son médecin
c) indéracinables : les traditions, les coutumes...
II° La science et les Lumières ont permis de liquider certains préjugés
Des préjugés ne sont pas des pensées. Ils existent justement parce qu’ils n’ont pas été jugés : les préjugés ne témoignent pas d’une nature viciée, mais d’un jugement qui n’a pas été effectué. En finir avec les préjugés, c’est donc décider de bien juger. Supprimer les préjugés est une affaire de volonté et de méthode, c’est pourquoi le doute méthodique de Descartes pour trouver la vérité est un doute volontaire.
Eloge de l'activité critique du jugement. L’attitude scientifique consiste à se défaire de ses propres opinions, à cesser d’adhérer.
Donner des exemples : Galilée, Darwin, Voltaire, Freud etc…
III° Non seulement on ne peut pas, mais encore il ne faut pas en finir avec les préjugés
Notre survie et notre adaptation exigent que le mécanisme de formation de nos croyances, et donc l’essentiel de nos préjugés, ne soit ni aussi producteur d’illusions ni donc aussi mauvais qu’on pourrait le croire à première vue. Nous sommes bien contraints de croire ce que nous voyons quand nous traversons la rue, et généralement, nos sens ne nous trompent pas. De même, nous sommes conduits généralement à faire confiance aux autres. Je fais confiance aux commerçants chez qui je vais faire mes courses, au médecin chez qui je me rends…Une vie de méfiance perpétuelle serait insupportable. Nous ne pouvons vivre en société que parce que nous nous appuyons mutuellement sur les informations que nous nous donnons les uns les autres.
a) Seuls certains préjugés sont dangereux (préjugés propres à une culture)
b) Les préjugés universels sont utiles : le sens moral, les axiomes des mathématiques. Il y a des préjugés vitaux pour l’homme. Exemples : "tout homme est doué de raison" . Ou bien : "le bon sens est la chose du monde la mieux partagée".
c) Toute société a besoin de règles sur lesquelles on s’entend, que l’on considère comme vraies et qui n’ont pas de véritable fondement. On pourrait faire ici une analyse de la politesse. La politesse est ce qui permet de vivre ensemble au sein d’une cité. Cf. aussi ce texte de Tocqueville et cette citation de Voltaire (Dictionnaire philosophique, Garnier 1967) :
« Il y a des préjugés universels, nécessaires, et qui sont la vertu même. Par tout pays on apprend aux enfants à reconnaître un Dieu rémunérateur et vengeur ; à respecter, à aimer leur père et leur mère ; à regarder le larcin comme un crime, le mensonge intéressé comme un vice, avant qu'ils puissent deviner ce que c'est qu'un vice et une vertu.
Il y a donc de très bons préjugés : ce sont ceux que le jugement ratifie quand on raisonne. »
Terminer par Pascal : "le coeur et la raison"
Conclusion : Le jugement réfléchi ne joue qu’un rôle secondaire et limité dans nos conduites. Non seulement on ne peut pas en finir avec les préjugés, mais c’est un préjugé de croire que l’homme peut être un pur esprit sans convictions, intuitions, sentiments, donc sans préjugés.
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Commentaires
Je trouve simplement que la mise en forme peut en aider d'autres comme moi, en panne d'inspirations sur certains sujets mais qui apprécient néanmoins la discipline philosophique.
SG, une " préparatorienne"
Une fille de Terminale S