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Affichage des articles associés au libellé Comte-Sponville

Réponse à Comte-Sponville et Onfray sur le capitalisme

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A la suite du débat entre Michel Onfray et André Comte-Sponville , j'aimerais proposer une synthèse. Le capitalisme est-il moral ? La thèse d'ACS est que le capitalisme est amoral. MO soutient que le capitalisme est immoral. Je ne suis pas complètement d'accord avec ACS et un peu d'accord avec MO. Selon moi, le capitalisme peut être dit 1° amoral, 2° moral et 3° immoral, sous trois rapports différents bien entendu. 1° Le capitalisme est amoral. En tant que théorie économique, le capitalisme peut être entendu comme une description des mécanismes de la production et de la division du travail, dans le contexte d'une économie de marché, fondée sur la propriété des moyens de production et le salariat. Une théorie descriptive n'a pas à être morale ou immorale, elle décrit les causes et les effets et elle peut seulement être dite vraie ou fausse, point. De ce point de vue, ACS a raison de dire que seuls des individus, sujets de droits et de devoirs, sont mora

Débat : le capitalisme est-il moral ?

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Ce débat me parait être un bon point de départ pour une réflexion de fond. Il présente deux thèses opposées. Je prétends pour ma part qu'il en existe une troisième, la synthèse ! Mais commençons par la thèse et l'antithèse. Présentation de Jean-Louis Servan-Schreiber Le capitalisme a toujours été critiqué. Ça ne l’a pas empêché de survivre et de prospérer. La première critique du capitalisme a été celle de l’Eglise au cours du XIXe siècle. C’est aussi au XIXe siècle, vers 1848, que Marx a rédigé Das Kapital, première contestation radicale du capitalisme.  Aujourd’hui, début du XXIe siècle, le fonctionnement capitaliste est critiqué à trois niveaux : par les consommateurs, c’est une critique d’ordre pratique sur la qualité des produits et les prix ; par les actionnaires, ce sont des critiques financières, plus récentes mais qui enflent désormais avec les scandales financiers à répétition ; par les altermondialistes, qui le remettent violemment en cause mais,

André Comte-Sponville et la philosophie

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«Le danger ne vient pas des gens qui croient en Dieu mais de ceux qui ne croient en rien» André Comte-Sponville est philosophe. Normalien et agrégé de philosophie, il a longtemps été maître de conférences à la Sorbonne avant de connaître, à 53 ans, le succès international avec son Petit traité des grandes vertus,  publié en 1995, traduit en 25 langues. Comte-Sponville est un penseur qu'on peut trouver agaçant. Certains parlent à son sujet de prêt-à-penser philosophique. Pourtant il a le mérite, comme Alain Finkielkraut, Luc Ferry ou Michel Onfray, de mettre la philosophie à la portée du plus grand nombre avec un réel talent pédagogique, sans réduire la difficulté et la subtilité des auteurs et des arguments qu'il expose. Je remets en ligne une interview qui date un peu mais qui reste fort intéressant (31 décembre 2005). Comte-Sponville fait un tour d'horizon de notre époque et en donne un portrait plutôt lucide et sans complaisance. Extraits : - Le Temps: 2005, re

Les marchés font un bouc émissaire commode

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Un excellent éditorial d'André Comte-Sponville dans Challenges du 3 juin (très girardien) : Quand on ne connaît pas la vérité, dit à peu près Pascal, il est bon de disposer d'une erreur commune, sur laquelle on puisse au moins s'entendre. Telle est la fonction des mythes, des superstitions, des idéologies. Mais il faut pousser l'idée plus loin. Elle ne vaut pas pour la seule connaissance ; elle éclaire aussi l'action, ou l'inaction. Lorsqu'on diverge fondamentalement sur les buts et les moyens, ajouterais-je, lorsqu'on est, au sein d'un groupe, en situation de conflit et donc incapable, collectivement, d'agir, il est bon de disposer d'un adversaire commun, contre lequel on puisse au moins s'unir. Telle est la fonction du bouc émissaire. On connaît l'origine de la notion. C'est un rite d'expiation, dans la Bible : un bouc est symboliquement chargé de tous les péchés d'Israël ; après quoi on l'envoie au désert, où il

Remarques sur le négationnisme et sur ce que doit être sa critique

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On parle beaucoup de l'affaire Williamson en ce moment, cet évêque anglais qui nie l'existence des chambres à gaz. Dans une interview parue samedi 7 février, dans l’hebdomadaire allemand Der Spiegel , ce dernier refuse de renier ses propos négationnistes, faisant fi de l’injonction du Vatican lui ordonnant de clarifier ses positions. Il indique qu’il lui fallait étudier d’abord les «preuves», avant d’éventuellement retirer ses déclarations niant l’existence des chambres à gaz. «Il s’agit de preuves historiques, pas d’émotions. Et si je trouve des preuves alors je rectifierai », a dit l’évêque. Je voudrais citer 2 collègues, professeurs de philosophie, qui bien avant cette affaire, s'étaient exprimé sur la question du négationnisme. Le premier, c'est Gildas Richard, l'auteur de l'excellent site Invitation à la philosophie Il propose de distinguer 2 points (2 ordres, comme dirait Pascal) 1° savoir si un événement a bien eu lieu (question historique) 2° savoir q

Pascal Bruckner et André Comte-Sponville

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Deux philosophes contemporains publient chacun un livre. Pascal Bruckner : La tyrannie de la pénitence : essai sur le masochisme occidental Editeur : Grasset (4 octobre 2006) Lien vers l'émission de France Inter Voir mon précédent article sur Pascal Bruckner Présentation de l'éditeur « Le monde entier nous hait et nous le méritons bien : telle est la conviction d'une majorité d'Européens, du moins à l'Ouest. Depuis 1945, en effet, notre continent est habité par les tourments du repentir. Ressassant ses abominations passées, les guerres incessantes, les persécutions religieuses, l'esclavage, l'impérialisme, le fascisme, le communisme, il ne voit dans sa longue histoire qu'une continuité de tueries, de pillages qui ont abouti à deux conflits mondiaux, c'est-à-dire à un suicide enthousiaste. À ce sentiment de culpabilité, toute une élite intellectuelle et politique donne ses lettres de noblesse, appointée à l'entretien du remords comme jadis les ga

La sécurité est un droit

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Je retrouve cette citation d'André Comte-Sponville en date des dernière élections présidentielles. Il me semble utile de la relire aujourd'hui, avec ces émeutes chaque nuit dans les cités. "La sécurité n’est pas une concession qu’il faudrait faire, pour des raisons électorales, à la droite. C’est le premier des droits de l’homme, et la condition de tous les autres. La gauche, loin de s’y rallier à contrecœur, devrait en faire l’une de ses priorités. Tout individu a besoin d’être protégé, mais les pauvres plus encore que les riches. La vie est plus dangereuse à La Courneuve qu’à Neuilly. La police, plus utile dans les cités, où elle ne va guère, qu’aux portes des ministères, où elle s’ennuie." (André Comte-Sponville, philosophe, a notamment publié un “Dictionnaire philosophique”,PUF, 2001, et “Présentations de la philosophie”, Albin Michel, 2000.) J'ajoute une piste de réflexion. Il y a un philosophe qui a défini un droit à l'insurrection, c'est Locke. Selo