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Affichage des articles associés au libellé Houellebecq

2006 - In memoriam Philippe Muray

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En ce début d'année 2007, l'occasion m'est donnée de revenir sur quelques faits marquants de l'année écoulée. Je voudrais d'abord réparer un oubli. Je n'ai pas parlé sur ce blog de la disparition le 2 mars 2006 d'un homme de lettres qui aura marqué ces 20 dernières années de sa plume de feu : Philippe Muray. Ecrivain et biographe de Céline, dont il a gardé la prose, observateur sarcastique et lucide de son temps, il fut le créateur génial de néologismes tels que : « Mutin de Panurge » (les individus dont la rébellion est factice et en accord avec l'air du temps) « Maton de Panurge » (les individus qui tentent par tous les moyens de faire taire les voix qui s'opposent au consensus politiquement correct) Citations : « J’ai appelé depuis longtemps rebelles de confort ou mutins de Panurge ces insoumis qui pullulent dans le parc d’abstractions de la modernité. » « Il y a un gâtisme de la rébellion, et il est l’héritage de tout le romantisme, c’est-à-d

Le libéralisme sexuel selon Houellebecq

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En relisant le premier livre de Houellebecq, Extension du domaine de la lutte, je tombe sur cette tirade qui résume bien son intuition profonde : "Du point de vue amoureux Véronique appartenait, comme nous tous, à une génération sacrifiée. Elle avait certainement été capable d'amour ; elle aurait souhaité en être encore capable, je lui rends ce témoignage ; mais cela n'était plus possible. Phénomène rare, artificiel et tardif, l'amour ne peut s'épanouir que dans des conditions mentales spéciales, rarement réunies, en tous points opposées à la liberté de mœurs qui caractérise l'époque moderne. Véronique avait connu trop de discothèques et d'amants ; un tel mode de vie appauvrit l'être humain, lui infligeant des dommages parfois graves et toujours irréversibles. L'amour comme innocence et comme capacité d'illusion, comme aptitude à résumer l'ensemble de l'autre sexe à un seul être aimé, résiste rarement à une année de vagabondage sexuel, j

Pour Houellebecq (suite)

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Extraits choisis des Particules élémentaires . Je les relis toujours avec délectation. Il y a à la fois une vérité profonde et une ironie cinglante dans ses propos. Dans l'un de ces extraits (voir plus bas), Houellebecq dépeint le catho moyen, assez ignare et stupide pour mépriser Jean-Paul II et admirer n'importe quel gourou new age... ce n'est pas par méchanceté qu'il se moque, mais bien plus par dépit, déception. Houellebecq dit qu'il n'est pas chrétien mais qu'il admire profondément cette religion. J'en veux pour preuve, cet entretien au journal Nouvelles Clés : N. C. : Quelle boussole prendre dans ce débat ? Y a-t-il autre chose que l’alternative entre néant métaphysique matérialiste et pensée bouddhiste, dont on vous dit proche ? M. H. : Il y a autre chose. Je crois à des sources de connaissance occidentale. Pour moi, il n’y a pas plus beau et plus simple que cela... (une dernière fois, l’écrivain me tend un livre : un très joli petit ouvrage relié

Houellebecq philosophe

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Houellebecq est un écrivain intéressant. Génial portraitiste, il excelle à décrire notre époque à travers des personnages désabusés, victimes d'une société post-moderne qui se veut libérée mais qui n'a jamais été aussi conformiste, normative et asservissante. L'auteur se définit lui-même comme "l'écrivain de la souffrance ordinaire". En cela Houellebecq est aussi philosophe. A travers ses personnages, entre deux péripéties, il poursuit une réflexion sur l'homme, la sexualité, l'amour. Après la mort de Dieu (Nietzsche), la mort de l'homme (Foucault), Houellebecq annonce la mort de l'amour. Une phrase de son premier roman, "Extension du domaine de la lutte", résume bien son oeuvre : "La valeur d'un être humain se mesure aujourd'hui par son efficacité économique et son potentiel érotique." Sans l'un ou l'autre, la personne ne vaut rien, elle n'intéresse pas, elle est même un obstacle à l'épanouissement