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Affichage des articles associés au libellé Ecole

Chroniques de Las Vegas - L'école et l'Etat

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  Peut-on séparer l'école de l'Etat ? Article publié originellement sur 24HGold Un sujet majeur de discussion lors de la FreedomFest cette année a été le mouvement pour le droit de choisir son école qui a fait une percée remarquable ces dernières années aux États-Unis. Dans un récent éditorial, le Wall Street Journal a fait de 2011 « l'année du choix de l'école ». Les parents et les législateurs qui les représentent, en particulier dans les écoles des quartiers défavorisés, sont las d'attendre les effets promis d’une énième « réforme de l'éducation » dans les écoles publiques de leurs enfants. Ces parents réclament un environnement éducatif favorable à un véritable apprentissage et se tournent alors vers des écoles indépendantes. Selon le Wall Street Journal,  13 États auraient déjà adopté, sous une forme ou sous une autre, une législation favorable au choix de l’école et 28 États sont en instance d’adopter les mêmes lois : bourses et allègements fisca

Pourquoi je ne lirai pas la lettre de Guy Môquet à mes élèves

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Voir mon premier article sur le sujet ici . Depuis je n'ai pas changé d'avis. Je me contenterai simplement d'ajouter quelques remarques. Un professeur est au service de la culture, pas du pouvoir politique. Il n’est pas là pour relayer une morale d’Etat ni les dernières lubies de tel ou tel homme d’Etat (fut-il président et quand bien même j'eus voté pour lui). De plus, la commémoration contribue à soumettre l’histoire à l’émotion et au sentimentalisme. Elle n’aide pas à saisir la vérité, elle ne fait pas de place pour l’analyse des faits et l’explication par les causes, seules à même d’éclairer l’élève, de former son intelligence. S’émouvoir peut créer une opinion, mais ne permet pas de raisonner. L’émotion ne rend pas autonome, elle rend manipulable. Ceci n'exclut pas bien sûr un usage éducatif légitime de l'émotion et du sentiment. Mais il faut donner la priorité à la réflexion et éviter l'abus de ce devoir de mémoire. Enfin, la raison officielle

Pourquoi je ne lirai pas la lettre de Guy Môquet

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Je publie ici le point de vue d'un enseignant qui pousse un cri de rage devant l'état de délabrement de l'école publique. Cet Hiroshima scolaire n'est pas dû à un quelconque manque de moyens (au contraire, on n'a jamais autant dépensé et gaspillé l'argent du contribuable). Il vient du renoncement des adultes à leur devoir d'instruire, à leur devoir de transmettre un savoir explicite et fondamental. Le problème est intellectuel, philosophique même. L'idée qu'on peut construire soi-même son savoir est un fantasme sorti tout droit du cerveau des "néo-pédagogues", persuadés qu'il faut libérer l'élève de la tutelle de ses maîtres... Ce qu'il faut libérer c'est l'école elle-même, asservie aux IUFM, aux syndicats et au centralisme bureaucratique. Je souscris donc pleinement à cettre lettre de mon collègue et je partage sa révolte salutaire. Pourquoi je ne lirai pas la lettre de Guy Môquet Par Michel Ségal, Professeur de collège

Le bac en folie

Un peu d'humour pour cette rentrée des vacances de février. Le bac s'approche et Bic nous offre une série de publicités délirantes sur l'oral du bac. Vraiment, ça vaut le coup d'oeil ! Je me suis d'ailleurs demandé si c'était vraiment de l'humour au second degré. On est malheureusement très proche de la réalité (parfois)... (voir aussi cette vidéo) Le cerveau : L'effet de serre : Le taux de fécondité : 3 candidats planchent sur Malraux, Galilée et César : Compil :

L'utopie de l'autonomie absolue

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Olivier Rey est mathématicien, enseignant à l'Ecole polytechnique et à l'université Panthéon-Sorbonne. Il a publié au Seuil, en 2003, un essai, Itinéraire de l'égarement, analysant les origines de la science moderne et son statut dans la pensée contemporaine. Aujourd'hui, il publie un essai philosophique passionnant : Une folle solitude. Le fantasme de l'homme auto-construit, Seuil, 330 pages, 22,5 €. Tout au long du XXe siècle, les enfants, dans leurs poussettes, ont fait face à l'adulte qui les promenait. Jusqu'aux années 70, où un retournement massif est intervenu : brusquement, on s'est mis à orienter les enfants vers l'avant. Pourquoi cette inversion ? Les doctrines éducatives en usage, promeuvent un enfant délivré de la tutelle des adultes, constructeur de ses savoirs et de lui-même. L'enfant doit regarder vers l’avenir et, pour ce faire, ignorer les liens qui l’attachaient au passé et à la famille. C'est ce qu'Olivier Rey appelle l

2007 - In memoriam Jean-Pierre Vernant

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La mort d’un grand helléniste le 9 janvier 2007. D'abord philosophe (agrégé et docteur en philosophie), Jean-Pierre Vernant s'est ensuite fait historien, linguiste et anthropologue pour analyser les mythes, dans une approche pluridisciplinaire. Compagnon de la Libération et membre du Parti Communiste, il avait choisi la Grèce antique notamment pour que le PC ne s'occupe pas de son travail intellectuel. Il a enseigné, de 1958 à 1975, à l'Ecole pratique des hautes études, il a été élu en 1975 titulaire de la chaire d'étude comparée des religions antiques au Collège de France. Malgré un ancrage politique très à gauche, Jean-Pierre Vernant a su travailler à faire revivre l'héritage grec, ce qui n’est pas banal. En effet, la culture générale (dont fait partie l’enseignement du grec) a souvent été perçue à gauche, notamment avec Bourdieu, comme un instrument de domination des bourgeois, comme un moyen de reproduction sociale des élites. « Le lycée a pour fonction de t

La fabrique du crétin

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"Le blog est le dernier espace de liberté de cette démocratie qui, sous prétexte de laisser à chacun libre cours à ses opinions, condamne tout le monde à adhérer à un sentiment moyen, étété, stérilisé, dont la passion et les paroxysmes sont exclus." Je suis assez d'accord avec cette belle phrase de Jean-Paul Brighelli, trouvée sur son blog. Professeur agrégé de lettres, auteur de manuels de littérature aux éditions Magnard, Brighelli a publié en septembre 2005 un brulôt sur l'Education nationale qui est devenu un succès de librairie. Si on passe sur quelques outrances, propres au genre pamphlétaire, il ressort de ce livre d'excellentes analyses de la crise de l'école, souvent proches de celle d'un Finkielkraut . Ainsi les sociologues et les pédagogues qui nous expliquent que la culture est une valeur bourgeoise, et qu'il faut libérer l'élève de la domination du maître et de l'oppression du savoir, en prennent pour leur grade. Un bémol important

Danger éducation !!!

1° La signification du verbe "graviter" semble totalement échapper au public. C'est un vocabulaire un peu trop relevé pour la moyenne... 2° 56% des gens n'ont jamais entendu parler de Galilée et continuent à penser que le soleil tourne autour de la terre... La 2e hypothèse est très plausible. L'enseignement officiel est tellement idéologique, que les gens ne savent qu'une chose à propos de Galilée c'est qu'il est mort sur un bûcher, brulé par des ancêtres des nazis, sans doute parce qu'il était athée. L'histoire des sciences n'est pas enseignée dans les écoles (et encore moins l'histoire du chritianisme mais là... faut pas trop en demander). Faites un sondage autour de vous, vous verrez que la plupart des gens croient 1° que Galilée a découvert que la terre était ronde (!) et 2° qu'il a été brulé par l'Eglise. (ps : j'espère que vous savez que la rodondité a été démontrée par Thalès, au VIe siècle av. JC. et que Galilée

Bac de philo : l'épreuve

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A quelques jours du bac, je voudrais citer (en bas) l'article d'un prof de philo dans Le Monde du 9 juin, car il exprime assez bien la difficulté que nous rencontrons dans la pratique de notre enseignement aujourd'hui : comment initier les élèves à l'exercice austère de la raison dans un monde qui tourne le dos à la culture générale, réputée inutile et élitiste au profit de la formation technicienne spécialisée et de la production de masse ? L'article de mon collègue met en cause avec raison l'industrie du divertissement et du spectacle, les nouvelles techniques de communication, bref toutes ces machines à produire du vent, du néant. Apprendre à taper sur un clavier et à manier un logiciel ne vous fera jamais penser. Mais l'idéologie égalitariste qui règne dans les esprits est certainement aussi et surtout à l'origine de ce mépris pour la culture et ses exigences. Cette dernière repose en effet sur un principe hiérarchique et anti-relativiste: certaines

L'école selon Jacqueline de Romilly

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Jacqueline de Romilly s'exprime aujourd'hui dans Le Figaro (Propos recueillis par Marie-Laure Germon [08 décembre 2005] " Je regrette que l'on n'oeuvre pas suffisamment pour ce qui développe la formation de l'esprit par la culture, par les textes et l'intimité avec les grands auteurs, perdant ainsi un contact précieux avec ce que les autres ont pensé avant nous. " Extraits : Diriez-vous que l'enseignement actuel est en partie responsable de l'effondrement du sens civique ? J'en suis convaincue et cela me préoccupe beaucoup. On en voit d'ailleurs les résultats tous les jours et qui ont même culminé en crises graves, telles celles traversées dans nos banlieues. Mais je veux croire que ces tensions répétées sauront engager un sursaut. Au plan pédagogique, je distinguerais deux éléments cardinaux qui nous font actuellement défaut : tout d'abord, la qualité de l'atmosphère des classes où l'on apprenait le goût du travail bien fa

La crise de l'autorité

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Voici quelques extraits d'une émission de France Culture, Répliques, animée par Alain Finkielkraut, avec Pierre Manent et Alain Renaut (professeur de philosophie à la Sorbonne Paris IV) sur le thème de la crise de l'autorité (2004). Extrait 1 : L'idée du semblable paralyse la délibération politique Extrait 2 : Une ambiguïté sur le sens de la démocratie Extrait 3 : Autonomie ou hétéronomie ? Extrait 4 : La crise de la culture et de l'école Signalons qu'Hannah Arendt avait médité sur cette crise de l'autorité. Dans le recueil de textes intitulé La crise de la culture, elle consacre un article à l'éducation ( Folio essais, Gallimard, 1972) . Arendt explique qu'on s'est trompé sur la mission fondamentale de l'école : "En pratique, il faudrait bien comprendre que le rôle de l'école est d'apprendre aux enfants ce qu'est le monde, et non pas leur inculquer un art de vivre. Etant donné que le monde est vieux, toujours plus vieux

Le rousseauisme sociologique

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Extrait de l'émission " Les matins de France-Culture " de Nicolas Demorand, le 28 Novembre 2005 de 8h à 9h, avec Alain Finkielkraut et Sylvain Bourmeau . Finkielkraut analyse le rousseauisme qui sous-tend l'analyse sociologique des événements. Extraits ci-dessous d'un article du philosophe Robert Redeker dans Le Figaro : Le nihilisme culturel imprègne les émeutes banlieusardes (28 novembre). Dans cet article, il distingue la conception philosophique de la culture, de la conception sociologique : "L'incompréhension, par les jeunes de banlieue, de cet imaginaire national, et le déchaînement de violence appuyé sur cette incompréhension, trouve son explication dans la victoire de la conception sociologique de la culture sur sa conception philosophique. Pour la sociologie, servant de base à tous les travailleurs sociaux, médiateurs, intervenants en banlieue, «la» culture n'existe pas ; seules existent «les» cultures, toutes également légitimes. A force d

Tocqueville et le Mai 68 des banlieues

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Si la pauvreté et l'exclusion peuvent constituer un terreau favorable aux émeutes urbaines, elles n'expliquent pas à elles seules la violence et la destruction des casseurs. Le phénomène n'est pas spontané, il est préparé de longue date, récupéré et amplifié par des groupes militants organisés appelant au meurtre et à la haine anti-française. C'est tout le jeu tordu de certaines associations anti-racistes, de certains rappeurs ou d'islamistes djihadistes que d'attiser le feu depuis des années en parlant, comme Dieudonné, de "crimes de la France", "d'humiliation du peuple noir" de "fracture coloniale", de "pornographie mémorielle" (à propos de l'enseignement de la Shoah). D'autres accuseront de provocation le ministre de l'intérieur ou la police et justifieront ainsi le vandalisme et la délinquance. Sophisme de la cause et de l'effet... on prend l'un pour l'autre. Si on reprend le fil des événeme