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Affichage des articles associés au libellé Girard

Les marchés font un bouc émissaire commode

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Un excellent éditorial d'André Comte-Sponville dans Challenges du 3 juin (très girardien) : Quand on ne connaît pas la vérité, dit à peu près Pascal, il est bon de disposer d'une erreur commune, sur laquelle on puisse au moins s'entendre. Telle est la fonction des mythes, des superstitions, des idéologies. Mais il faut pousser l'idée plus loin. Elle ne vaut pas pour la seule connaissance ; elle éclaire aussi l'action, ou l'inaction. Lorsqu'on diverge fondamentalement sur les buts et les moyens, ajouterais-je, lorsqu'on est, au sein d'un groupe, en situation de conflit et donc incapable, collectivement, d'agir, il est bon de disposer d'un adversaire commun, contre lequel on puisse au moins s'unir. Telle est la fonction du bouc émissaire. On connaît l'origine de la notion. C'est un rite d'expiation, dans la Bible : un bouc est symboliquement chargé de tous les péchés d'Israël ; après quoi on l'envoie au désert, où il ...

René Girard et la guerre

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Dans son livre « Achever Clausewitz » (Carnets nord), René Girard livre une sombre analyse : « Il n'y a plus de politique intelligente, dit-il au Point . Nous sommes près de la fin. » CSOJ - René Girard Ecouter ici l'émission Répliques avec R. Girard, samedi 24 novembre 2007 Un entretien avec R. Girard à propos de son dernier livre René Girard : « la guerre est partout » 18/10/2007 - Propos recueillis par Élisabeth Lévy - © Le Point - N°1831 L'anthropologue de la violence et du religieux René Girard, de l'Académie française, a découvert chez Clausewitz, une référence en matière de stratégie militaire, d'étonnantes similitudes avec ses thèses. Pour vous, la « rivalité mimétique » est le moteur même de l'Histoire. Qu'est-ce qui vous fait penser qu'aujourd'hui il s'emballe ? Les guerres mondiales avaient marqué une étape dans la montée aux extrêmes. Le 11 septembre 2001 a été le début d'une nouvelle phase. Le terrorisme actuel reste à penser. O...

René Girard - Extraits de textes

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Celui par qui le scandale arrive Extraits 1 Ce débat est d'ailleurs légitime. La culture occidentale est ethnocentrique elle aussi, c'est bien évident, aussi ethnocentrique que toutes les autres et de façon plus cruellement efficace, bien entendu, à cause de sa puissance. Il ne s'agit pas de nier cela mais pourquoi ne pas reconnaître en même temps une évidence historique irréfutable? À la différence de toutes les autres cultures, qui ont toujours été ethnocentriques tout de go et sans complexe, nous autres occidentaux sommes toujours simultanément nous-mêmes et notre propre ennemi. Nous sommes la Majesté suprême et l'opposition de Sa Majesté. Nous condamnons ce que nous sommes, ou croyons être, avec une ardeur peu efficace le plus souvent, mais au moins nous essayons. Ce qui se passe aujourd'hui est un exemple de plus de la passion pour l'auto-critique, qui n'existe que chez les êtres touchés par la civilisation judéo-chrétienne. Celui par qui le scandale ar...

René Girard sous la coupole

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Un philosophe vient d'entrer à l'Académie française. Il y a été reçu ce jeudi 15 décembre au 37e fauteuil, celui dont le second titulaire fut Bossuet. Officiellement, René Girard fut professeur de littérature française et de civilisation mais sa compréhension novatrice du désir, de la violence et du religieux en fait l'un des grands philosophes de ce temps. Reconnu tout d’abord comme un théoricien original de la littérature avec un essai remarqué (Mensonge romantique et Vérité romanesque, 1961) qui proposait notamment une lecture de Dostoïevski entre stylistique et psychanalyse, René Girard allait développer dans ses livres suivants (La Violence et le Sacré, 1972; Des choses cachées depuis la fondation du monde, 1978; Le Bouc émissaire, 1982) une analyse du phénomène de la violence par le désir mimétique, c'est-à-dire le désir par deux sujets d'une même chose. Quand le désir mimétique intervient, la violence émerge immanquablement, il s'agit d'un mécanism...