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Affichage des articles associés au libellé liberté de débattre

Remarques sur le négationnisme et sur ce que doit être sa critique

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On parle beaucoup de l'affaire Williamson en ce moment, cet évêque anglais qui nie l'existence des chambres à gaz. Dans une interview parue samedi 7 février, dans l’hebdomadaire allemand Der Spiegel , ce dernier refuse de renier ses propos négationnistes, faisant fi de l’injonction du Vatican lui ordonnant de clarifier ses positions. Il indique qu’il lui fallait étudier d’abord les «preuves», avant d’éventuellement retirer ses déclarations niant l’existence des chambres à gaz. «Il s’agit de preuves historiques, pas d’émotions. Et si je trouve des preuves alors je rectifierai », a dit l’évêque. Je voudrais citer 2 collègues, professeurs de philosophie, qui bien avant cette affaire, s'étaient exprimé sur la question du négationnisme. Le premier, c'est Gildas Richard, l'auteur de l'excellent site Invitation à la philosophie Il propose de distinguer 2 points (2 ordres, comme dirait Pascal) 1° savoir si un événement a bien eu lieu (question historique) 2° savoir q

De la différence entre tolérance et liberté

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Un article lu ce matin sur l'affaire Gouguenheim me semble particulièrement intéressant : L’Etrange Affaire Aristote L'auteur de ce blog a eu la bonne idée de s'appuyer sur Bernard Lewis (grand spécialiste de l'islam) et sur Philippe Nemo. Il s'interroge sur la différence entre la civilisation islamique et la civilisation chrétienne concernant le rapport entre société et liberté. Il y a une grande différence entre la tolérance, qui consiste à ne pas faire usage de la coercition à l'encontre des autres religions, et la liberté civile qui consiste à reconnaitre que le pluralisme intellectuel, religieux et politique est le facteur agissant d’un ordre social supérieur. Or seul l'Occident a pu accéder (c'est le propre de la modernité) à ce type de société. J'ajoute que dans Qu'est-ce que l'Occident ? Philippe Nemo développe ce point de la manière suivante (p.69 à 71) : La raison et la connaissance humaine sont fondamentalement limitées et faillib

Aristote au Mont Saint-Michel

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Aristote au Mont Saint-Michel. Les racines grecques de l’Europe chrétienne de Sylvain Gouguenheim - 282 p. - éd. du Seuil - 21€. Hier dans Le Figaro : "(S. Gouguenheim) n’imaginait pas qu’il y ait encore en France une police de la pensée. Il a depuis quelques semaines deux pétitions d’universitaires contre lui et subit toutes sortes d’injures. Agrégé d’histoire et germaniste, Sylvain Gouguenheim enseigne l’histoire médiévale à l’École normale supérieure de Lyon. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont un sur les chevaliers teutoniques. Tout allait bien pour lui jusqu’au jour où il s’est piqué de se mêler d’une question hautement sensible : celle, fameuse, de « l’Islam des Lumières ». En un mot : entre le IXe et le XIIe siècle, cette civilisation aurait constitué, notamment avec Averroès, un modèle de tolérance et de curiosité intellectuelle, pendant que l’Occident subissait le joug d’une Église obscurantiste et de croisés barbares. Lisant les ouvrages des spécialistes, Gouguenhe

De la démocratie en Occident

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En cette période électorale, rien ne vaut une petite revue de citations sur la démocratie. Bien entendu, je garde le meilleur pour la fin... JACQUES ELLUL : ... « Tout cela, c'est le spectacle, l'apparence sans racine, le jeu... La scintillation du petit écran fixe définitivement l'attention de l'individu sur le spectacle, et l'empêche par là même de chercher au-delà, et derrière, de se poser la question de la réalité du pouvoir » (1)... ... « Ce que l'on nous propose là, c'est en réalité la démocratie de propagande, celle où le citoyen ne décide plus rien parce qu'il est intégré dans une masse fortement organisée, manipulée par la propagande, et qu'il se borne à adhérer avec enthousiasme à toutes les décisions prises en son nom, ou encore à formuler avec autorité tout ce qui lui est suggéré » (2) ... ... « La démocratie organisée que l'on nous présente n'est rien d'autre que la constitution d'un système féodal, structurée sur d'a

La guerre des mémoires

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Emission sur France Culture : L'Arménie et les lois mémorielles Lien rstp Quelles limites les mémoires vives, portées par des communautés, peuvent-elles légitimement imposer aux historiens au nom d’une réécriture de l’histoire ? Faut-il sanctuariser légalement une version définitive de l’histoire, afin de préserver la sensibilité des survivants et de leurs descendants ? Quels sont les risques de voir l’histoire se transformer en un tribunal du passé, plaquant de manière anachronique des jugements inspirés par l’état actuel de nos sensibilités - sur des faits dont la logique profonde nous échappe de plus en plus ? Revue de Presse « Aujourd’hui, des mémoires particulières protestent en estimant qu’il ne leur est pas fait place dans l’Histoire. Mais il se trouve que la vertu de l’Histoire, c’est justement de se dégager des particularismes des mémoires, pour considérer le passé de façon plus large, en prenant en compte la multiplicité des points de vue. L’Histoire est l’apprentissage

Pascal Bruckner et André Comte-Sponville

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Deux philosophes contemporains publient chacun un livre. Pascal Bruckner : La tyrannie de la pénitence : essai sur le masochisme occidental Editeur : Grasset (4 octobre 2006) Lien vers l'émission de France Inter Voir mon précédent article sur Pascal Bruckner Présentation de l'éditeur « Le monde entier nous hait et nous le méritons bien : telle est la conviction d'une majorité d'Européens, du moins à l'Ouest. Depuis 1945, en effet, notre continent est habité par les tourments du repentir. Ressassant ses abominations passées, les guerres incessantes, les persécutions religieuses, l'esclavage, l'impérialisme, le fascisme, le communisme, il ne voit dans sa longue histoire qu'une continuité de tueries, de pillages qui ont abouti à deux conflits mondiaux, c'est-à-dire à un suicide enthousiaste. À ce sentiment de culpabilité, toute une élite intellectuelle et politique donne ses lettres de noblesse, appointée à l'entretien du remords comme jadis les ga

Assistons-nous à un recul de la liberté d'expression ?

Alain Finkielkraut et Abdelwaab Meddeb débattaient vendredi sur France Culture à propos de l'affaire Redeker. On peut écouter cette émission ici Alain Finkielkraut. Ecrivain Producteur "Répliques" sur France Culture. Auteur "Ce que peut la littérature", Stock, octobre 2006. Abdelwahab Meddeb. Ecrivain Producteur "Cultures d'Islam" sur France Culture. Auteur "Contre-prêches : chroniques", Seuil, septembre 2006. Sur France 5, l'émission Ripostes du dimanche était consacrée aussi à cette affaire : Peut-on critiquer l'islam ? Au programme, les interventions de François Bayrou, Philippe Val, Frédéric Lenoir, Rachid Benzine, Dounia Bouzar et Youssef Baouendi.

La fabrique du crétin

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"Le blog est le dernier espace de liberté de cette démocratie qui, sous prétexte de laisser à chacun libre cours à ses opinions, condamne tout le monde à adhérer à un sentiment moyen, étété, stérilisé, dont la passion et les paroxysmes sont exclus." Je suis assez d'accord avec cette belle phrase de Jean-Paul Brighelli, trouvée sur son blog. Professeur agrégé de lettres, auteur de manuels de littérature aux éditions Magnard, Brighelli a publié en septembre 2005 un brulôt sur l'Education nationale qui est devenu un succès de librairie. Si on passe sur quelques outrances, propres au genre pamphlétaire, il ressort de ce livre d'excellentes analyses de la crise de l'école, souvent proches de celle d'un Finkielkraut . Ainsi les sociologues et les pédagogues qui nous expliquent que la culture est une valeur bourgeoise, et qu'il faut libérer l'élève de la domination du maître et de l'oppression du savoir, en prennent pour leur grade. Un bémol important