Dictionnaire politique
Le jeune dictionnaire en ligne de théorie politique, contient deux ou trois notices très intéressantes.
Pour commencer, une excellente notice sur l'idéologie.
L'auteur, Gwendal Châton, est docteur en science politique, titulaire d’une maîtrise en histoire, et membre du Centre d’Etudes et de Recherches Autour de la Démocratie (CERAD) de l’Université Rennes 1. Il poursuit des recherches sur le libéralisme français contemporain, dans le sillage de Raymond Aron ou de Raymond Boudon.
G. Châton rappelle que dans un passage célèbre de L’idéologie allemande Karl Marx propose une définition inédite de l’idéologie comme déformation intellectuelle de la réalité matérielle : « À toute époque, les idées de la classe dominante sont les idées dominantes ; autrement dit, la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est en même temps la puissance spirituelle dominante. La classe qui dispose des moyens de la production matérielle dispose en même temps, de ce fait, des moyens de la production intellectuelle, si bien qu’en général, elle exerce son pouvoir sur les idées de ceux à qui ces moyens font défaut. Les pensées dominantes ne sont rien d’autre que l’expression en idées des conditions matérielles dominantes, ce sont ces conditions conçues comme idées, donc l’expression des rapports sociaux qui font justement d’une seule classe la classe dominante, donc les idées de sa suprématie » (Marx, 1845, 1994 : 338, souligné par l’auteur).
L'auteur montre ensuite que Raymond Aron a rompu avec la conception marxiste de l’idéologie.
Selon Raymond Aron, le marxisme n’est pas devenu, comme Marx l’ambitionnait, une science capable de débusquer l’idéologie. Il s’est au contraire dégradé en une idéologie inédite soutenant un régime totalitaire. À côté du « monopole du parti » et de « l’étatisation de la vie économique », la « terreur idéologique » est ainsi une des trois clés permettant de comprendre le totalitarisme.
Hannah Arendt, quant à elle, fera de l'idéologie l’élément central de son approche phénoménologique du totalitarisme.
La notice se poursuit avec une présentation de l'analyse de Raymond Boudon. Celui-ci propose de rompre avec la conception de l’idéologie comme produit de comportements irrationnels pour la soumettre à l’exigence wébérienne de compréhension : il veut comprendre les bonnes raisons que peut avoir un acteur social de croire à une idée fausse. Boudon applique ici le principe de l'individualisme méthodologique : les idées et les croyances ne sont pas produites par des forces impersonnelles et obscures mais elles sont le fait d'individus qui pensent, en relation avec leur environnement.
A signaler aussi, du même auteur, une excellente notice sur Aron.
Aron a souvent été classé comme libéral de gauche. Son penchant pour la social-démocratie, sa tentative de synthèse des droits formels et des droits matériels ont pu alimenter cette thèse. Pourtant, l'auteur montre dans sa notice que le libéralise aronien a connu une très nette évolution.
Sans congédier l’idée d’égalité, Raymond Aron retrouve alors les accents combatifs de la tradition libérale contre un « égalitarisme doctrinaire » qui « ne parvient pas à l’égalité mais à la tyrannie » (Aron, 1965, 1998 : 240). Dans ses Mémoires, il se montre pour le moins sceptique face au concept de justice sociale (Mémoires, p. 1035-1036) : il est alors plus proche de la critique hayékienne du « mirage de la justice sociale » (Friedrich Hayek, Droit, législation et liberté) que de la théorie rawlsienne de la justice.
Hannah Arendt, quant à elle, fera de l'idéologie l’élément central de son approche phénoménologique du totalitarisme.
La notice se poursuit avec une présentation de l'analyse de Raymond Boudon. Celui-ci propose de rompre avec la conception de l’idéologie comme produit de comportements irrationnels pour la soumettre à l’exigence wébérienne de compréhension : il veut comprendre les bonnes raisons que peut avoir un acteur social de croire à une idée fausse. Boudon applique ici le principe de l'individualisme méthodologique : les idées et les croyances ne sont pas produites par des forces impersonnelles et obscures mais elles sont le fait d'individus qui pensent, en relation avec leur environnement.
A signaler aussi, du même auteur, une excellente notice sur Aron.
Aron a souvent été classé comme libéral de gauche. Son penchant pour la social-démocratie, sa tentative de synthèse des droits formels et des droits matériels ont pu alimenter cette thèse. Pourtant, l'auteur montre dans sa notice que le libéralise aronien a connu une très nette évolution.
A partir du milieu des années soixante dix, Aron prend un tournant et évolue vers un libéralisme plus classique, moins teinté de socialisme. Ainsi, en 1976, dans la postface à son Essai sur les libertés, il affirme :
- « En 1965, il m’importait de montrer que le libéral d’aujourd’hui accepte la critique que l’on appellera indifféremment sociologique ou marxiste. Il ne suffit pas que la loi accorde les droits, il faut encore que l’individu possède les moyens de les exercer. Aujourd’hui, c’est la contrepartie de cette thèse que je mettrais au premier plan. Autant la liberté non-interdiction entraîne par elle-même l’égalité, autant la liberté-capacité exclut l’égalité » (p. 222)
Sans congédier l’idée d’égalité, Raymond Aron retrouve alors les accents combatifs de la tradition libérale contre un « égalitarisme doctrinaire » qui « ne parvient pas à l’égalité mais à la tyrannie » (Aron, 1965, 1998 : 240). Dans ses Mémoires, il se montre pour le moins sceptique face au concept de justice sociale (Mémoires, p. 1035-1036) : il est alors plus proche de la critique hayékienne du « mirage de la justice sociale » (Friedrich Hayek, Droit, législation et liberté) que de la théorie rawlsienne de la justice.
Commentaires
Par ailleurs, il y a aussi un certains nombre de rédacteurs que l'on retrouve dans le dictionnaire de la philosophie politique (P.U.F).