The experiment : un film choc !

The Experiment est un film américain réalisé par Paul Scheuring, le réalisateur de la série Prison Break, et sorti directement en DVD aux États-Unis en septembre 2010. Avec Adrian Brody et Forest Whitaker. (Sortie en France depuis peu, voir sur amazon)

Le film est un remake d'un film allemand d'Olivier Hirschbiegel, qui est une adaptation du livre de Mario Giordano, Black box, lui-même inspiré de la célèbre « Stanford Prison Experiment ». Cette expérience s'est déroulée en 1971, au département de psychologie de l'Université Stanford, à Stanford (près de Palo Alto), en Californie.

Qu'arrive-t-il lorsqu'on place des gens ordinaires dans un contexte violent ? C'est le point de départ de l'expérience. Le premier jour, une authentique solidarité unit les hommes. Ils blaguent entre eux, ils discutent de leurs vies. Toutefois, dès le deuxième jour, un changement perceptible intervient dans leur attitude; l'atmosphère de camp de vacances se transforme graduellement en véritable enfer.

Dans le film, cet enfer est décrit de façon exagérée, dans une dramaturgie toute hollywoodienne. Mais dans la réalité, l'expérience qui devait durer 15 jours a été interrompue après seulement six jours… Zimbardo raconte que le premier jour s'est passé sans incident. Mais dès le second jour, la rébellion a éclaté. Les prisonniers se sont enfermés dans leur cellule, poussant leur lit contre les barreaux. Les gardiens, pris au dépourvu, ont rapidement laissé libre cours à leur colère. Et la situation a dégénéré.

À l'aide d'extincteurs, les gardiens ont arrosé les prisonniers puis ils les ont enfermés, complètement nus, dans leur cellule. Ceux qui avaient mené la rébellion furent isolés et soumis à des séances d'humiliation. Le sadisme des gardiens s'est raffiné par la suite : ils ont placé certains prisonniers dans des cellules tout confort alors que les autres étaient privés de nourriture. Objectif : briser la solidarité dans la prison.

The Stanford Prison Experiment, qui est encore étudiée dans les milieux académiques et qui a largement alimenté la réflexion sur les conditions de détention en milieu carcéral, a montré une chose selon son auteur Philipp Zimbardo : la violence n'est pas uniquement quelque chose d'inné. Un être jugé normal et équilibré, lorsqu'il est soumis à des conditions extrêmes (humiliation, violence, etc.) peut s'écraser complètement. Au contraire, lorsqu'on lui donne une parcelle de pouvoir, il peut se révéler le pire des monstres. Certains hommes deviennent des bêtes sauvages, tandis que d'autres restent humains et refusent catégoriquement de céder à la violence gratuite contre des innocents. Question d'éducation ? A voir... Mon hypothèse est que la génétique intervient pour au moins 50% dans les comportements violents. Bien sûr, l'environnement est un catalyseur, qui va jouer un rôle fondamental en révélant ou au contraire en étouffant des tendances innées.

Bien sûr, le film s'éloigne de la réalité, pour les besoins du cinéma. Mais il reste une excellente introduction à la problématique de l'abus de pouvoir et au phénomène de la tyrannie, comme au syndrome du petit chef. Lecteurs d'Etienne de la Boétie, bienvenue ! Mais pour cinéphiles avertis seulement… Certaines scènes sont très pénibles à regarder.

Pour les intéressés, voici un site très complet sur la « Stanford Prison Experiment » (en anglais) : www.prisonexp.org/slide-6.htm

Commentaires

Unknown a dit…
Est-ce plus dur, moins dur ou aussi dur que Das Experiment ?
cherea a dit…
si le thème des prisons vous intéresse, je ne peux que vous conseiller la série OZ, bien plus puissante et réaliste que l'insipide Prison Break.

Bien à vous,
Damien Theillier a dit…
Selon moi c'est du même niveau de violence. Très réaliste.
Damien Theillier a dit…
Merci Cherea, je vais voir ça.

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