Textes de et sur Ayn Rand

Quelques liens vers des textes essentiels.

La collectivisation des droits
par Ayn Rand
Extrait de The Virtue of Selfishness
New American Library, New York, 1964

Les droits de l'homme
Publié dans The Objectivist Newsletter en avril 1963.

La philosophie, qui en a besoin ?
Discours donné à la classe diplômée de l'Académie Militaire des États-Unis à West Point.
New York — 6 mars 1974

La source vive :
http://oralaboraetlege.blogspot.com/2010/01/ayn-rand.html
http://oralaboraetlege.blogspot.com/2010/01/tuer.html

Atlas Shrugged


Une recension dans Le Monde du 18 aout 2009 :

C'est un roman monumental : près de 650 000 mots, soit environ 150 000 de plus que Les Misérables, de Victor Hugo, ou que La Guerre et la Paix, de Léon Tolstoï. Un best-seller, qui figure encore, un demi-siècle après sa sortie, au troisième rang des "classiques de la littérature américaine" les plus achetés sur le site de vente en ligne Amazon. Une étude réalisée en 1991 par la Bibliothèque du Congrès indique même qu'il s'agirait du livre ayant le plus influencé les Américains après la Bible ! En France, pourtant, Atlas Shrugged, d'Ayn Rand (1905-1982), est très peu connu. Bizarre ? Peut-être pas tant que ça. Il est en effet difficile d'imaginer une épopée dont la morale est à ce point étrangère aux valeurs communément célébrées de ce côté-ci de l'Atlantique. Une morale qui tient en deux axiomes : "Vive le capitalisme !" et "Mort à l'Etat !"

Nous sommes aux Etats-Unis, au XXe siècle. L'économie est en crise. Dagny Taggart, la vice-présidente de la Taggart Transcontinental, l'une des compagnies ferroviaires du pays, est inquiète car son frère, qui dirige la société, n'a pas la force d'âme d'un vrai patron.

Que faire ? La jeune femme a une idée : entrer en affaires avec Hank Rearden, un magnat de l'acier qui vient d'inventer un alliage susceptible d'être utilisé pour moderniser l'infrastructure d'une ligne de la Taggart Transcontinental devenue vétuste. Ce partenariat, pense-t-elle, permettra de sauver l'entreprise.
Dagny Taggart et Hank Rearden sont les deux protagonistes d'Atlas Shrugged. Comme on peut l'imaginer, leur relation débordera le strict cadre professionnel. Mais là n'est pas l'essentiel, car leur liaison mouvementée, sur fond de locomotives et de conseils d'administration, n'est qu'un élément périphérique du roman. Il faut dire que nos deux héros ont des soucis plus importants que leurs affaires de coeur. Une bataille à mener, d'abord, contre les "parasites" qui vantent les mérites de l'"étatisme". Un mystère à percer, ensuite. Au fil de leurs aventures, Dagny et Hank s'aperçoivent en effet que les cerveaux les plus brillants du pays disparaissent les uns après les autres. Meurtres ? Enlèvements ? La vérité ne sera dévoilée qu'au terme d'un récit parfois touffu, qui tient à la fois du polar, du feuilleton sentimental et du roman philosophique.
Quand Atlas Shrugged sort en librairie, à l'automne 1957, Ayn Rand jouit déjà d'une certaine notoriété. Née cinquante-deux ans plus tôt en Russie, sous le nom d'Alissa Rosenbaum, arrivée aux Etats-Unis au milieu des années 1920, cette fille d'un pharmacien de Saint-Pétersbourg a fait ses premières armes à Hollywood, comme assistante de Cecil B. De Mille, avant de se tourner vers l'écriture avec des textes déjà engagés.

Paru en 1936, le très autobiographique Nous les vivants brossait ainsi un tableau apocalyptique de la Russie bolchevique. Sept ans plus tard, La Source vive exaltait, à travers l'histoire d'un architecte visionnaire, l'individualisme et l'esprit d'entreprise. Le roman fut un best-seller. Ce qui lui valut d'être adapté au cinéma par King Vidor, avec Gary Cooper dans le rôle principal (Le Rebelle, 1949).

Romancière à succès, Ayn Rand s'est aussi fait connaître par ses diatribes anticommunistes à l'époque du maccarthysme. C'est ainsi qu'elle publia, en 1948, un fascicule censé aider les cinéastes à lutter contre l'influence des "rouges" à Hollywood. Une sorte de bréviaire articulé autour de quelques sentences : "Ne dénigrez pas la libre entreprise" ; "Ne glorifiez pas l'échec" ; "N'idéalisez pas l'homme du peuple" ; "Ne glorifiez pas le collectivisme"... Pour Ayn Rand, la croisade contre les communistes était une question de vie ou de mort. "La liberté d'expression, affirmait-elle, ne nous oblige pas à fournir un couteau à l'assassin qui veut nous trancher la gorge."

Grand succès public - il figurera pendant cinq mois sur la liste des meilleures ventes publiée par le New York Times -, Atlas Shrugged divisera les critiques. A gauche, on en fustige le ton "haineux". Chez les conservateurs, l'accueil est également assez froid. Dans la National Review, Whittaker Chambers, un ancien communiste reconverti en chantre de la droite religieuse, dénonce ainsi le côté "totalitaire" de la pensée randienne.

De fait, Ayn Rand se laisse difficilement circonscrire. Proche du Parti républicain, mais détestée par les conservateurs en raison de son athéisme, elle appartient à la frange dite "libertarienne" de la droite américaine.

Incarnée par des penseurs comme David Friedman, Friedrich Hayek, Murray Rothbard ou Robert Nozick, cette nébuleuse qui se réclame à la fois de l'anarchisme, du libéralisme classique et de l'isolationnisme connaîtra son heure de gloire dans les années 1970, à l'époque où l'échec américain au Vietnam, le scandale du Watergate et la crise du modèle économique hérité du New Deal profiteront à ceux qui font de la critique systématique de l'Etat leur cheval de bataille (lire à ce sujet La Pensée libertarienne, de Sébatien Caré, PUF, 2009).

Ayn Rand n'est peut-être pas la meilleure théoricienne du "libertarianisme". Mais l'ascendant qu'elle exerça auprès des jeunes intellectuels qu'elle réunissait dans son appartement new-yorkais - parmi lesquels Alan Greenspan, le futur patron de la Réserve fédérale - en fait sans doute l'une des personnalités les plus emblématiques de ce courant de pensée. La seule, également, à avoir su traduire la pensée libertarienne sous la forme d'une parabole littéraire.

Ce qui explique sans doute la fréquence des allusions à ses textes dans la presse américaine. Comme le 9 janvier dans le Wall Street Journal. L'éditorialiste Stephen Moore, en guise de contre-modèle à l'Amérique de Barack Obama, selon lui accablée d'impôts et paralysée par la bureaucratie, y citait en exemple la société idéale d'Atlas Shrugged. Une société où les profits, la richesse et la créativité ne sont pas "dénigrés". Et où le salut ne vient plus des "politiciens" mais des "hommes d'affaires héroïques".

Atlas Shrugged (La Révolte d'Atlas), d'Ayn Rand, traduction française (partielle), éd. Jeheber, 2 volumes, 1958-1959.

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