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Karl Popper versus Platon

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Karl Popper est né à Vienne en 1902. Très jeune, il est d’abord tenté par le marxisme avant de s’en détourner définitivement. Il choisit la carrière universitaire et s’intéresse à l’épistémologie. En 1934, il écrit son livre le plus célèbre : La Logique de la découverte scientifique . En 1937, fuyant le nazisme, il émigre en Nouvelle-Zélande, où il accepte un poste d’enseignant. Se passionnant pour la philosophie politique, il publie en 1945 son autre grand ouvrage, La Société ouverte et ses ennemis. En 1946, il obtient un poste grâce à Friedrich A. Hayek, à la prestigieuse London School of Economics, où il crée le département de philosophie, logique et méthode scientifique. Il vivra à Londres jusqu’à sa mort en 1994. Un des mérites de Karl Popper est d'avoir fourni les fondements philosophiques d'un rationalisme critique original, tant sur le plan épistémologique que sur le plan politique. Dans La Société ouverte et ses ennemis , Karl Popper identifie en Platon, Hege

Bergson contre le positivisme

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La fin du XIXe siècle en France est marquée, dans le domaine des idées, par l'influence persistante du positivisme de Comte. Or, l'œuvre de Bergson s'est d'abord constituée comme répudiation de cet héritage.  Bergson (1859-1941), en effet, ne croit pas que la science positive soit capable de résoudre tous les problèmes qui se posent à l'homme, ni même qu'elle parvienne à rendre compte authentiquement de nos expériences les plus banales, comme notre rapport intime au temps qui passe. Le mécanisme matérialiste, qui triomphe alors dans les sciences, n'est pas non plus épargné, dans sa prétention à réduire la vie à un simple assemblage de molécules. Enfin, Bergson ne peut se résoudre à accepter la fin de la métaphysique (dont le positivisme aurait sonné le glas) .  Et c'est peut-être là son apport le plus original : Bergson a largement contribué, dans une époque obnubilée par les succès de la science, à restaurer la réflexion métaphysique. Il a r

Auguste Comte et le positivisme

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Statue de Comte place de la Sorbonne On entend souvent parler de positivisme mais ce terme recouvre une variété de sens qui le rend difficile à cerner. Auguste Comte (1798-1857), son fondateur, revendique le positivisme comme une philosophie  qui admet pour seule démarche rigoureuse la méthode expérimentale. C’est l’idée que la démarche des sciences physiques pourrait s’appliquer à l’ensemble des savoirs, y compris à la morale et à la politique.  Comte versus Descartes Le point de départ de la philosophie, selon Comte, n’est pas « l’expérience intérieure de l’esprit » (le cogito cartésien) mais les sciences, qui sont les seules véritables « faits de l’esprit ». C’est pourquoi la philosophie telle que la définit Auguste Comte est une  philosophie des sciences  puisqu’elle est essentiellement une réflexion sur les sciences. Mais ce qui intéresse le philosophe dans la chimie ou l’astronomie, ce n’est pas le monde exploré par l’esprit mais l’esprit en train d’explorer le mon

Pourquoi la science moderne est-elle née en Occident ?

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Pourquoi la science moderne est-elle née en Europe et pas ailleurs ? Pourquoi n'est-elle pas née en Chine par exemple ? Dans l'Antiquité, la Chine et l'Occident avaient le même niveau scientifique. Or c'est seulement à partir de l'époque de la Renaissance que la modernité a pris son essor en Occident, la Chine ne faisant que stagner. Parmi les explications de l’origine de la science moderne, on trouve cette idée que la science elle-même n’apparaît qu’en fonction d’un contexte culturel, de l’idée que les hommes se font de Dieu, d’eux-mêmes et de l’organisation sociale. On se souvient de la thèse de Max Weber sur les origines du capitalisme dans son livre : L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme . Telle est la thèse que nous allons explorer dans le domaine épistémologique. Cette thèse ne minimise pas l’importance d’autres facteurs, comme les facteurs sociaux-économiques ou politiques. Mais elle tend à montrer que, contrairement à l’analyse ma

Guide de révisions du bac de philo 2012

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Dans quelques semaines, le lundi 18 juin, auront lieu les épreuves de philosophie du bac 2012.Pour essayer d’y voir plus clair sur les sujets du bac, il faut se fonder sur les sujets des années précédentes. Or plusieurs notions du programme n’ont pas été utilisées dans les sujets du bac depuis plusieurs années. Rien ne permet de dire avec certitude que ces notions tomberont cette année. Toutefois je vous recommande de mettre ces notions en priorité dans vos révisions. Mes pronostics sont sur le site de mon manuel de philo . Vous pouvez les consulter gratuitement. Mais pour vous aider à réviser, j'ai  mis au point avec Augustin Celier deux outils à télécharger pour une somme modique : 1° Le Guide de Révisions du Bac de Philo Notre Guide est constitué d’un ouvrage de 130 pages et de vidéos sur les notions, pour un total de 2h20. Ce n’est pas le manuel à proprement parler, mais bien plus un guide qui vous fournira tout ce dont vous avez besoin pour réviser en philo. Il est

Bastiat dans le hors-série de Capital

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Dans ce numéro hors-série de mai-juin, Capital dresse un panorama de la pensée économique depuis trois siècles à travers cinq thématiques et consacre un article fort bien fait à Bastiat : les hérauts du libéralisme (Adam Smith, Friedrich Hayek, Milton Friedman...);  les pourfendeurs des inégalités (Marx, James Tobin, Amartya Sen...) ;  les penseurs de la mondialisation ( Frédéric Bastiat , JS Mill, Joseph Stiglitz...);  les observateurs de la société (Gunnar Myrdal, Alfred Sauvy, John Kenneth Galbraith…); les inclassables (John Maynard Keynes, Joseph Schumpeter, Nikolaï Kondratiev…). Voir le sommaire complet plus bas. Sommaire complet : Interview de Jean-Marc Daniel «On attend de l’économiste un remède, pas une polémique» Aux premières loges d’une histoire chahutée Les hérauts du libéralisme John Locke On lui doit le concept de propriété privé Adam Smith Le marché n’a ¬besoin de personne pour fonctionner Jean-Baptiste Say Avec sa loi de l’offre, u

Nozick vs Rawls : sur quels principes fonder la justice ? (II)

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Voir la partie I On justifie souvent l’extension de l’État à toutes les sphères de la société par le fait qu’il serait le meilleur instrument pour atteindre une justice distributive. C’est notamment l’argument de John Rawls, professeur de philosophie à Harvard et auteur d’un livre qui a fait l’objet d'un large débat parmi les philosophes, économistes et sociologues : Théorie de la justice. Nous avons vu dans un premier temps comment Nozick avait entrepris de réfuter cette justification en montrant qu’il s’agissait d’une forme de condamnation aux travaux forcés, ce que Bastiat avait appelé « spoliation légale ». Il reste à voir comment : 1° il établit une nouvelle théorie de la justice distributive 2° il plaide pour un État minimal, celui dont les pouvoirs plus étendus ne peuvent être justifiés. 1° La justice comme légitimité Selon Nozick, traiter les individus comme des « fins en soi » consiste à reconnaître en chacun le seul propriétaire légitime de lui-même, de ses c