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Les principes philosophiques de la révolution américaine

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En ce 4 juillet 2012, les Américains célèbrent leur Déclaration d'Indépendance, une fête qu'ils appellent "Fourth of July" ou bien encore "Independence Day". Selon cette Déclaration, rédigée par Thomas Jefferson, tous les hommes sont créés égaux ; ils sont dotés de certains droits inaliénables (vie, liberté, propriété et recherche du bonheur). Le but d’un gouvernement est uniquement d’assurer ces droits. L’enjeu de l’indépendance était la réaffirmation des principes traditionnels de la citoyenneté britannique. C'est pourquoi la Révolution américaine fut, au sens étymologique, un « retour » à l’héritage des libertés anglaises. Contrairement aux français, les anglais au 18e siècle n’avaient pas d'armée permanente, pas de lettres de cachet, pas d’arrestations arbitraires. Ils avaient leur habeas corpus, leur procès par jury, leur liberté d'expression et de conscience, et leur droit au commerce. La Révolution américaine fut une révolution conserv

Christianisme et antiétatisme

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Pie IX Peut-on être chrétien et antiétatiste en France aujourd'hui ? La question pourrait surprendre un catholique, habitué à une défense traditionnelle de l' É tat par le magistère de l'Eglise. Mais les temps changent.  Et le contexte actuel de la sociale-démocratie oligarchique, oblige à repenser les choses. Il est temps que les catholiques et les chrétiens en général, comprennent que soutenir l' É tat aujourd'hui signifie alimenter le processus même qui les détruit.  A une époque, l' É tat était peut-être la réponse au chaos généré par les guerres et les prédations. Mais surtout, gouverner était une activité privée et l' É tat était la propriété d'une dynastie, qui exerçait la responsabilité à long terme de faire fructifier son royaume. Le roi devait laisser à son successeur un royaume prospère et paisible, dans une logique patrimoniale.  Ce qu'on peut notamment regretter, c'est qu'à cette époque l'État employait souvent son

Hayek vs Comte. Subjectivisme en sciences sociales versus positivisme

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Peut-on réduire l'univers à une mécanique simple, facilement décodable ? Et peut-on appliquer cette méthode à la société de façon à prédire les faits sociaux et à les organiser scientifiquement ? Tel est le défi lancé par la science moderne à partir du XVIIe siècle, défi relevé par Auguste Comte et Saint Simon dans le domaine des sciences sociales au XIXe siècle. Pourtant des penseurs, dont Hayek, ont contesté cette vision simplificatrice d’une science universelle, capable de s’appliquer à tout objet, y compris à l’homme. Ainsi, pour Max Weber, « moins que jamais la science authentique, qu'il s'agisse de la physique ou de la sociologie, nous donne de l'univers, cosmique ou humain, une image achevée, dans laquelle on pourrait lire notre destin ou notre devoir. » (Max Weber, Le savant et le politique . Préface de R. Aron).  Le positivisme de Comte Auguste Comte est le fondateur du positivisme, philosophie qui admet pour seule démarche rigoureuse la méthode expé

Bac philo 2012 : serions-nous plus libres sans État ?

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Décidément, les sujets du bac de philosophie offrent parfois de belles surprises. L’an dernier, nous avions en série ES : L'égalité est-elle une menace pour la liberté ?  Cette année en S, un sujet sur la liberté sans l’État. Le corrigé que nous proposons ici n’est pas une thèse doctorale qui prétendrait faire avancer la recherche fondamentale sur le sujet. Il s’agit de pistes de réflexions, rédigées dans l’esprit du baccalauréat. L’agencement des diverses parties dans une dissertation a nécessairement un caractère artificiel. Aucun plan ne s’impose et aucun auteur n’est véritablement incontournable. Il s’agit plutôt d’apporter un point de vue à la fois personnel et argumenté sur une question classique. C’est un exercice académique qui reste difficile à maîtriser pour les élèves, au terme d’une courte année de découverte de la philosophie. Mais c’est aussi un exercice qui oblige à penser, à penser rigoureusement et qui ne peut donner de bons résultats qu’à ce prix-là. Intro

Analyse des sujets du bac philo 2012

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J'ai été interviewé sur Europe 1, avec deux autres collègues, à la sortie de l'épreuve de philo. Vous trouverez les articles ici : 1° Les sujets de S 2° Les sujets de ES

Karl Popper versus Platon

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Karl Popper est né à Vienne en 1902. Très jeune, il est d’abord tenté par le marxisme avant de s’en détourner définitivement. Il choisit la carrière universitaire et s’intéresse à l’épistémologie. En 1934, il écrit son livre le plus célèbre : La Logique de la découverte scientifique . En 1937, fuyant le nazisme, il émigre en Nouvelle-Zélande, où il accepte un poste d’enseignant. Se passionnant pour la philosophie politique, il publie en 1945 son autre grand ouvrage, La Société ouverte et ses ennemis. En 1946, il obtient un poste grâce à Friedrich A. Hayek, à la prestigieuse London School of Economics, où il crée le département de philosophie, logique et méthode scientifique. Il vivra à Londres jusqu’à sa mort en 1994. Un des mérites de Karl Popper est d'avoir fourni les fondements philosophiques d'un rationalisme critique original, tant sur le plan épistémologique que sur le plan politique. Dans La Société ouverte et ses ennemis , Karl Popper identifie en Platon, Hege

Bergson contre le positivisme

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La fin du XIXe siècle en France est marquée, dans le domaine des idées, par l'influence persistante du positivisme de Comte. Or, l'œuvre de Bergson s'est d'abord constituée comme répudiation de cet héritage.  Bergson (1859-1941), en effet, ne croit pas que la science positive soit capable de résoudre tous les problèmes qui se posent à l'homme, ni même qu'elle parvienne à rendre compte authentiquement de nos expériences les plus banales, comme notre rapport intime au temps qui passe. Le mécanisme matérialiste, qui triomphe alors dans les sciences, n'est pas non plus épargné, dans sa prétention à réduire la vie à un simple assemblage de molécules. Enfin, Bergson ne peut se résoudre à accepter la fin de la métaphysique (dont le positivisme aurait sonné le glas) .  Et c'est peut-être là son apport le plus original : Bergson a largement contribué, dans une époque obnubilée par les succès de la science, à restaurer la réflexion métaphysique. Il a r