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Affichage des articles du septembre, 2005

Dantec philosophe

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Le Grand Jihad a eu lieu. La France est islamiste, la Grande-Bretagne aussi. Les États-Unis ont disparu. Un gouvernement planétaire contrôle les deux tiers de la population mondiale, par neurotransmetteurs interposés. Je suis en train de lire le dernier roman de Maurice Dantec : Cosmos Incorporated. Il décrit un futur proche (2050), post-humain et technicisé à outrance. Le style est alambiqué, obscur, difficile à suivre. Dantec est meilleur quand il fait de la prose, dans son journal métaphysique par exemple. Le héros de Cosmos Incorporated a perdu tout contact avec son passé, sa mémoire, son identité. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il doit tuer un homme influent. C'est un tueur à gages qui a été programmé pour faire ce métier. Pour Dantec, il s'agit là de la figure emblématique de l'homme du XXIe siècle. « Le terrorisme, le mercenariat, tout ça c'est en pleine expansion. Aujourd'hui, ceux qu'on appelle les military private contractors sont partout sur

Nous autres, modernes

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Alain Finkielkraut, dont nous avons déjà parlé ici , publie ses cours d'histoire des idées, donnés à l'école Polytechnique (Editions Ellipses, 19 euros). Certains de mes ancien(ne)s élèves y sont étudiant(e)s et je leur ai par ailleurs souvent parlé de ce philosophe durant l'année de terminale. J'y reviendrai ici quand j'aurai lu le livre. L'idée d'A.F. est d'aider ses étudiants à mieux identifier la culture dans laquelle ils respirent : « Descartes non lu nous détermine que nous le voulions ou non », écrit Hans Jonas. Cette détermination est l'objet premier de mon enseignement. Ce n'est pas la philosophie, c'est leur philosophie que je m'efforce d'apprendre à mes élèves de l'École polytechnique. À quoi Descartes nous détermine-t-il ? Hier encore, il était possible de répondre : à nous rendre méthodiquement, polytechniquement maîtres de toutes choses pour soulager le sort des hommes et rendre leur vie plus agréable. Mais voici que

La psychanalyse en accusation

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En ce moment, on parle beaucoup de la sortie du Livre noir de la psychanalyse . Le Nouvel Obs s'en est emparé publiant des extraits. Mais que trouve-t-on dans ces extraits censés donner un aperçu du livre ? Rien de nouveau. On savait déjà que Freud n'avait pas guéri grand monde, on savait qu'il avait pillé nombre d'auteurs plus anciens et plus géniaux que lui. Dans le Figaro Littéraire du 15 septembre, Paul-François Paoli écrit : "De Platon à Schopenhauer en passant par Charcot et Pierre Janet, il n'aurait rien découvert, mais beaucoup pillé. Au fond, Freud serait un récupérateur de talent, un faiseur. Mais si la pensée de l'illustre Viennois est à ce point envahie par les intuitions géniales des autres, comment expliquer qu'elle soit, dans le même temps, si vaine et si erronée ? Etrange contradiction que ne résout pas l'ouvrage. Mais ce n'est pas tout. Non seulement Freud n'a rien pensé, mais en plus il s'en doutait. Au mieux, il fut un

Gilles Lipovetsky : «Nos démocraties deviennent adultes»

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Propos à contre-courant, ces jours-ci, d’un philosophe qui a toujours observé avec beaucoup d’acuité les transformations du monde contemporain. Professeur en terminales puis à l'université de Grenoble, Gilles Lipovetsky a poursuivi à travers ses essais ( La Troisième Femme, L'Empire de l'éphémère, L'Ère du vide, Les Temps hypermodernes ) une réflexion sur l'individualisme démocratique, dans le sillage de Tocqueville. Il prépare un ouvrage sur la société de l'«hyperconsommation». Dans un entretien au Figaro, il réaffirme sa conviction que la démocratie, loin de se déliter, entre au contraire dans la maturité. Sa thèse est que la modernité s'est construite contre la tradition, l'Eglise, la famille. Ce combat est terminé, on passe alors à une seconde modernité, qu’il appelle « hypermodernité », dans laquelle le rôle des intellectuels a changé. Aujourd'hui, il n'y a plus de « ismes », ni de grandes écoles de philosophie. C'est un signe des t

Pour Houellebecq (suite)

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Extraits choisis des Particules élémentaires . Je les relis toujours avec délectation. Il y a à la fois une vérité profonde et une ironie cinglante dans ses propos. Dans l'un de ces extraits (voir plus bas), Houellebecq dépeint le catho moyen, assez ignare et stupide pour mépriser Jean-Paul II et admirer n'importe quel gourou new age... ce n'est pas par méchanceté qu'il se moque, mais bien plus par dépit, déception. Houellebecq dit qu'il n'est pas chrétien mais qu'il admire profondément cette religion. J'en veux pour preuve, cet entretien au journal Nouvelles Clés : N. C. : Quelle boussole prendre dans ce débat ? Y a-t-il autre chose que l’alternative entre néant métaphysique matérialiste et pensée bouddhiste, dont on vous dit proche ? M. H. : Il y a autre chose. Je crois à des sources de connaissance occidentale. Pour moi, il n’y a pas plus beau et plus simple que cela... (une dernière fois, l’écrivain me tend un livre : un très joli petit ouvrage relié