La tyrannie de la pénitence


Emission avec Pascal Bruckner sur France Culture : Occident : la repentance à sens unique ?
(prendre l'émission environ 2mn45 après le début.)
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Invités :
- Pascal Bruckner. Ecrivain, essayiste. Auteur de "La tyrannie de la pénitence : essai sur le masochisme en Occident", Grasset, octobre 2006.
- Denis Sieffert. Rédacteur en chef Politis. Auteur de "Peut-on être (vraiment) républicain ?", La Découverte, septembre 2006.
- Chahdortt Djavann. Auteur de "Comment peut-on être français ?", Flammarion, janvier 2006.



Autre émission avec Pascal Bruckner sur France Inter dans La bande à Bonnaud. Prendre l'émission vers 1h 02 : débat sur les lois mémorielles.
1h 10 après le début : débat sur la Banque Mondiale. A-t-on mis l'Afrique à genoux ?

Sur ce sujet, voir aussi l'émission Arrêt sur image, consacrée au Cauchemar de Darwin : Darwin : cauchemar et manipulation ? Dernière diffusion le 30 avril 2006

Citations

La tyrannie de la pénitence. Essai sur le masochisme occidental. de Pascal Bruckner Grasset, 260 p., 16,90 €.

Télécharger la conférence de Bruckner : Le masochisme européen

« Je pensais que, deux décennies après Le Sanglot de l’homme blanc, cette question de la culpabilité occidentale était à peu près réglée, explique aujourd’hui Pascal Bruckner. Puis est survenu le 11 septembre 2001 et l’attentat contre le World Trade Center. Le lendemain de la destruction des tours, un journaliste qui m’interrogeait sur les attentats a fait cette réflexion : “On peut comprendre, quand même, vous vous rendez compte, ces tours de 400 mètres de haut ! Quel orgueil, quelle arrogance, ces Américains !” Puis, deux ans et demi plus tard, ce furent les attentats de Madrid, et en entendant les réactions, qui m’ont semblé tellement compréhensives vis-à-vis des terroristes, j’ai dû admettre qu’au fond rien n’avait changé. Nous autres, Occidentaux, demeurons les éternels fautifs. »

« La France a tendance à exagérer tous ses défauts. C’est elle qui, à travers la guerre d’Algérie, a mené la dernière grande bataille coloniale de l’Europe. Et il se trouve en outre que, sur cette guerre, elle a gardé très longtemps le silence. Alors, plus encore que les autres pays occidentaux, la France incarne cette mauvaise conscience. Cela même si le phénomène colonial n’a concerné en réalité qu’un petit nombre de Français. »

« Le repentir est une manière de reconnaître sa faute pour mieux la mettre à distance, s’en débarrasser. Le remords, en revanche, est une sorte de complaisance à son péché, une façon de toujours se sentir insuffisant. »

« A refuser aux peuples anciennement colonisés toute responsabilité dans leur situation, écrit-il, on les prive par là même de toute liberté, on les replonge dans la situation d’infantilisme qui a présidé à la colonisation. »

« Ce processus de remise en cause reste à accomplir pour l'islam, habité par la certitude d'être la dernière religion révélée, donc la seule authentique, disposant du Livre directement dicté par Dieu à son prophète. Il ne se veut pas légataire des confessions antérieures, mais un successeur qui les invalide à jamais. Le jour où ses plus hautes autorités reconnaîtront le caractère conquérant et agressif de leur foi, demanderont pardon pour les guerres saintes commises au nom du Coran, les infamies perpétrées à l'égard des infidèles, des apostats, des mécréants et des femmes, s'excuseront pour les attentats terroristes qui profanent le nom de Dieu, sera un jour de progrès et contribuera à dissiper la suspicion légitime de nombreux peuples vis-à-vis de ce monothéisme sacrificiel »

Revue de Presse

ROGER-POL DROIT
Article paru dans l'édition du Monde du 13.10.06
"A force de battre notre coulpe, nous risquons d'oublier trois évidences élémentaires.
La première est que nous n'avons pas commis uniquement, au fil des siècles, des actes de barbarie. Les conquêtes européennes se sont étendues aussi, pacifiquement, aux sciences, aux arts, aux techniques, et bien sûr aux valeurs permettant de combattre nos propres penchants criminels. Seconde évidence : nous ne possédons nullement le monopole de la dévastation. D'autres civilisations, d'autres continents pourraient, et devraient, se soucier aussi de leurs abominations. Enfin, remarque simple mais essentielle, ces faits anciens n'appartiennent plus à la réalité présente. Leur importance exige absolument qu'ils demeurent dans la lumière. Mais seule une erreur de jugement peut faire croire que ce passé doit indéfiniment peser sur le présent, conditionner sans fin notre actualité comme notre avenir."
Sur le même sujet, lire aussi la recension du livre de l'historien Daniel Lefeuvre : Pour en finir avec la repentance coloniale. Cliquez ici

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