In memoriam Karol Wojtyla (2 avril 2005)
Diapo-hommage à Jean-Paul II
Mort le 2 avril 2005, il restera pour beaucoup Karol Wojtyla, ce philosophe polonais qui devint pape de l'Eglise de Rome.
Il aura été pour moi un guide, un maître, une lumière. J'ai eu la chance de lui serrer les mains une fois dans la basilique des jésuites à Rome. J'avais à peine 16 ans, je n'oublierai jamais ce moment qui a peut-être orienté toute ma vie.
J'ai commencé à le lire en profondeur quand j'étais étudiant en philo à Paris. "Personne et acte", "Amour et responsabilité" ont laissé en moi des traces indélébiles. Son oeuvre philosophique se résume en deux mots : liberté et vérité. Il montre que ces 2 réalités sont intrinsèquement liées, on ne peut nier l'une sans trahir l'autre.
Deux Encycliques m'ont beaucoup marqué.
- 1991, Centesimus Annus.
L'Eglise ne condamne ni le marché ni la libre entreprise dit Jean-Paul II. "Il semble que, à l'intérieur de chaque pays comme dans les rapports internationaux, le marché libre soit l'instrument le plus approprié pour répartir les ressources et répondre efficacement aux besoins" (§, 34). Utilisant les enseignements de la science économique il n'hésite pas à décliner les "avantages solides" du marché : échanges favorisés et meilleure utilisation des ressources, tout en soulignant la nécessité de leur orientation vers le bien commun par un principe d'ordre éthique (§, 40).
A la question le capitalisme est-il un modèle ? Jean Paul II répond :
"Si sous le nom de "capitalisme" on désigne un système économique qui reconnaît le rôle fondamental et positif de l'entreprise, du marché, de la propriété privée et de la responsabilité qu'elle implique dans les moyens de production, de la libre créativité humaine dans le secteur économique, la réponse est sûrement positive, même s'il serait peut-être plus approprié de parler d"'économie de marché" (§, 42).
A propos de la mondialisation : "Il n'y a pas très longtemps on soutenait que le développement supposait, pour les pays les plus pauvres, qu'ils restent isolés du marché mondial et ne comptent que sur leurs propres forces. L'expérience de ces dernières années a montré que les pays qui se sont exclus des échanges généraux de l'activité économique sur le plan international ont connu la stagnation et la régression, et que le développement a bénéficié aux pays qui ont pu y entrer." (§, 33)
- 1993, Veritatis SplendorJean-Paul II invente ce concept formidable de "théonomie participée" : la loi morale naturelle a Dieu pour auteur et l'homme, par sa raison, participe à la Loi éternelle qu'il ne lui appartient pas d'établir mais de découvrir et d'interpréter (§ 36). La liberté de l'homme et la Loi de Dieu ne s'opposent donc pas, mais au contraire s'appellent mutuellement (§ 17).
Le sens profond de la liberté de l'homme est sa participation personnelle à la réalisation du projet d'amour de Dieu.
La fermeté de l'Église dans sa défense des normes morales universelles immuable n'a donc pour l'homme rien d'humiliant. Elle ne fait que servir la vraie liberté de l'homme, puisqu'il n'y a pas de liberté en dehors de la vérité, ni contre elle (§ 96). Seule la liberté qui se soumet à la vérité conduit la personne à son vrai bien.
Que les données de la foi rejoignent celles de la raison ne peut surprendre un croyant, puisque, s'il existe plusieurs chemins pour s'approcher de la vérité, il ne saurait y avoir de contradiction entre les résultats des uns et des autres. Dieu ne peut dire autre chose à travers sa création que ce qu'il révèle lui-même par ailleurs directement aux hommes.
Si vous ne connaissez pas Jean-Paul II, lisez son dernier livre, son livre-testament : Mémoire et identité. Au soir de sa vie, il nous livre une méditation sur l'héritage des Lumières, sur le mal et la violence totalitaire au XXe siècle.
A lire, cet article de Jacques de Guenin : Jean-Paul II, un pape profondément libéralCitations :
Il m'a été donné de faire l'expérience personnelle des " idéologies du mal ". C'est une chose qui ne peut s'effacer de ma mémoire. Ce fut tout d'abord le nazisme. Ce que l'on pouvait voir en ces années-là était quelque chose de terrible. A ce moment, pourtant, beaucoup d'aspects du nazisme demeuraient encore cachés. La véritable dimension du mal qui se déchaînait en Europe ne fut pas perçue de tous, ni même de ceux d'entre nous qui étaient au centre de ce tourbillon. Nous vivions plongés dans une grande éruption de mal et ce n'est que peu à peu que nous avons commencé à nous rendre compte de sa réelle importance [...]. Plus tard, en réalité une fois la guerre finie, je pensais en moi-même : " Le Seigneur Dieu a accordé douze années d'existence au nazisme et après douze années, ce système s'est écroulé [...]. Si le communisme a survécu plus longtemps et a devant lui une perspective de développement c'est qu'il doit y avoir un sens à tout cela. "« La loi établie par l’homme à des limites précises (...) C’est dans cette perspective que nous devons nous interroger au début d’un nouveau siècle et d’un nouveau millénaire sur certains choix législatifs décidés dans les parlements des régimes démocratiques actuels. (...) Ce qui vient immédiatement à l’esprit, ce sont les législations sur l’avortement. (...) Quand un Parlement autorise l’interruption de la grossesse, consentant la suppression d’une naissance, il commet un grave abus contre un être humain, qui plus est innocent et privé de toute possibilité de se défendre. (...) Les parlementaires qui autorisent et promulguent de telles lois doivent être conscients d’outrepasser leurs compétences et de se mettre en conflit ouvert avec la loi de Dieu et la loi de la nature ».
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