De la différence entre tolérance et liberté


Un article lu ce matin sur l'affaire Gouguenheim me semble particulièrement intéressant :

L’Etrange Affaire Aristote


L'auteur de ce blog a eu la bonne idée de s'appuyer sur Bernard Lewis (grand spécialiste de l'islam) et sur Philippe Nemo. Il s'interroge sur la différence entre la civilisation islamique et la civilisation chrétienne concernant le rapport entre société et liberté.

Il y a une grande différence entre la tolérance, qui consiste à ne pas faire usage de la coercition à l'encontre des autres religions, et la liberté civile qui consiste à reconnaitre que le pluralisme intellectuel, religieux et politique est le facteur agissant d’un ordre social supérieur.

Or seul l'Occident a pu accéder (c'est le propre de la modernité) à ce type de société.


J'ajoute que dans Qu'est-ce que l'Occident ? Philippe Nemo développe ce point de la manière suivante (p.69 à 71) :

La raison et la connaissance humaine sont fondamentalement limitées et faillibles. Or, dans une société plurielle, mondialisée et sécularisée comme la notre, dans laquelle l'unanimité n'existe plus, c'est la liberté et penser et de critiquer qui peut remédier à cette limitation intrinsèque de la raison humaine.

Selon Nemo, c'est Karl Popper qui a donné l'explication la plus simple et la plus nette de la logique qui est ici à l'oeuvre. En effet, la démarche du rationalisme critique consiste à disjoindre la vérité de la certitude. On ne progresse vers la première qu'en renonçant à la seconde. Toute vérité doit pouvoir être soumise à la critique et à la réfutation. C'est à ce prix qu'une société progresse et se réforme.
Ce pluralisme n'implique ni scepticisme, ni relativisme. En effet, il y a des idées qui résistent aux tentatives de réfutation. Ce idées peuvent alors être considérées comme vraies. C'est le cas de la plupart des normes morales et politiques qui ont fait leur preuves au long des siècles. C'est le cas aussi d'un certain nombre de vérités scientifiques. Cela ne veut pas dire qu'elles soient définitivement à l'abri de toute critique. Mais cela veut dire qu'on ne peut les rejeter purement et simplement sans de très forts arguments rationnels. De ce point de vue, la charge de la preuve revient au sceptique.

Pour finir sur ce point, je recommande la lecture d'un livre de Tocqueville qu'on peut télécharger sur le site des classiques de sciences sociales : Notes sur le Coran

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