Ron Paul et l’avortement
Par Damien Theillier
On s’étonne
parfois d’apprendre que Ron Paul, candidat libertarien à la primaire
républicaine, est opposé à l’avortement. Comment un libertarien peut-il ne pas
être « pro-choice » ?
Pourtant son point de vue est sans
ambiguïté :
« Some people believe that being pro-choice is being on the side of freedom. I’ve never understood how an act of violence, killing a human being, albeit a small one in a special place, is portrayed as a precious right » (Liberty Defined).
Le libertarianisme, en tant que philosophie
politique, n'a rien à dire sur ce sujet de l’avortement, au moins dans un
premier temps. En effet, l’avortement est d’abord une question de philosophie
morale pure, qui repose sur la considération du statut ontologique de
l’embryon. S'agit-il seulement de quelques cellules, comme une verrue ou un
kyste ? Ou bien est-il question d'un être humain, même en devenir ? Seul
un être humain à part entière est sujet de droit. Est-ce le cas de l’embryon ?
Comme sur de nombreux sujets de morale, il y a place pour un débat sur
ce sujet au sein de la famille libertarienne. Chacun, en tant qu'individu qui réfléchit, doit faire appel à sa raison pour
répondre à cette question.
Là où les
libertariens défendent une vision commune, c'est concernant la loi. Et selon la tradition
libérale classique, à laquelle se rattache le courant libertarien, la loi n'a
pas à se prononcer sur les comportements individuels, tant qu'ils ne portent
pas atteinte aux droits d'autrui. La loi a une fonction exclusive : assurer le respect des droits
individuels et punir les atteintes à ces mêmes droits.
A partir de
là, on peut envisager deux hypothèses :
- soit l'on considère, comme Ron Paul, que l'embryon est un être humain en devenir, sujet de droits et dans ce cas la loi des Etats doit s'opposer à l'avortement.
- soit l'on considère l'avortement comme un acte médical neutre et amoral. Alors la loi n'a rien à dire là-dessus : elle ne doit ni le pénaliser, ni le dépénaliser, ni même le légaliser.
Par ailleurs le financement de l’avortement par la sécurité sociale ou les impôts est, dans tous les cas de figure, un abus.
De plus, Ron Paul est un « constitutionnaliste ». Cela signifie qu’il défend une interprétation stricte de la Constitution. Il affirme : « Il n'y a aucun argument sérieux fondé sur le texte de la Constitution fédérale elle-même qu'un droit à l'avortement existe. Il n'y a pas un mot dans le texte de ce document, ni dans aucun de ses amendements, qui aborde l'avortement ». Le gouvernement fédéral n'a donc pas juridiction sur l'avortement, c’est aux États de trancher.
- soit l'on considère, comme Ron Paul, que l'embryon est un être humain en devenir, sujet de droits et dans ce cas la loi des Etats doit s'opposer à l'avortement.
- soit l'on considère l'avortement comme un acte médical neutre et amoral. Alors la loi n'a rien à dire là-dessus : elle ne doit ni le pénaliser, ni le dépénaliser, ni même le légaliser.
Par ailleurs le financement de l’avortement par la sécurité sociale ou les impôts est, dans tous les cas de figure, un abus.
De plus, Ron Paul est un « constitutionnaliste ». Cela signifie qu’il défend une interprétation stricte de la Constitution. Il affirme : « Il n'y a aucun argument sérieux fondé sur le texte de la Constitution fédérale elle-même qu'un droit à l'avortement existe. Il n'y a pas un mot dans le texte de ce document, ni dans aucun de ses amendements, qui aborde l'avortement ». Le gouvernement fédéral n'a donc pas juridiction sur l'avortement, c’est aux États de trancher.
Comme Ron Paul, je suis personnellement convaincu
que la vie humaine, avec ses droits inaliénables, commence dès la conception et
que l’avortement est donc immoral. Si on me demande pourquoi, j’ai l’habitude
de développer devant mes élèves l’argument suivant :
Au XVIe siècle, Las Casas a combattu
l’esclavage des Indiens par les conquérants espagnols. Dans sa controverse avec Sepulveda à Valladolid, il affirme que, bien
que les Indiens n’ont pas encore atteint le même degré de civilisation
technologique et les connaissances scientifiques des Espagnols, ils ont le
potentiel pour l’atteindre si on leur donne le temps et l'opportunité. Un être
humain ne peut donc jamais être considéré comme « sous humain » en raison de
son faible développement s’il possède le potentiel pour atteindre un degré
supérieur de développement dans le futur. La potentialité d'atteindre un niveau
complet de développement est un indice suffisant pour établir la nature d’un être.
Ce raisonnement peut être appliqué à
l’embryon. Ainsi, le fait que l’embryon ait le potentiel pour atteindre un
degré complet de développement humain est suffisant pour établir son humanité.
Le fait qu'il n'ait pas encore atteint son plein développement n'est pas
l’indice d’une nature inférieure, mais seulement une indication de son
immaturité. Un enfant à naître ne peut donc pas être considéré comme
« sous-humain », pas plus que les Indiens. Il a les mêmes droits que
n’importe quelle personne humaine et ses droits doivent être protégés.
Si donc l'avortement
est bien une agression contre un être humain en développement, pleinement sujet
de droits, alors il est de la compétence du législateur de l'interdire, au même
titre que le crime, le viol ou toute autre atteinte aux droits fondamentaux de
la personne.
Pour autant,
on ne peut pas forcer une femme à garder un enfant dont elle ne veut pas. Elle
doit alors pouvoir le donner à des couples sans enfant. L’alternative à l’avortement
c’est l’adoption. Malheureusement l’'Etat s’est arrogé le monopole du marché de
l'adoption. Il y a tellement de réglementations en France qu'adopter devient
quasiment impossible, toujours à cause de cette fausse philanthropie du
législateur qui se croit chargé de faire le bonheur de l'humanité ! Il est
temps de privatiser ce marché et de confier à des associations familiales
indépendantes (non subventionnées comme elles le sont aujourd’hui !) le
soin de gérer ce marché en édictant des règles déontologiques protégeant les
enfants contre tout abus.
A lire en
anglais :
Liberty defined, par Ron Paul. Cf.
chapitre qu’il consacre à l’avortement et dont on peut lire un long extrait
ici :
En français :
Commentaires
1er sophisme de Ron Paul: "la constitution US ne donne pas de droit à l'avortement"
Remarque : elle ne l'interdit pas, non? Je croyais qu'en droit positif était autorisé tout ce qui n'était pas explicitement interdit?
2e sophisme de RON PAUL:
...donc c'est aux états de déterminer etc..."
Même Remarque: quel est le rapport de causalité entre les deux termes:
"ce n'est pas au gouvernement fédéral DONC(???) c'est aux états de.."
Suite au prochain post
De l'inexistence du droit naturelou du droit divin , partant, de l'inexistence du droit inaliénable.
Droits naturel et/ou divin partent du postulat qu'il existerait une "norme juridique universelle", c'est à dire une "morale universelle" qui aurait pour cause première la "nature" ou une ou des "divinités"; pour résumer, une morale "suprahumaine" qui s'imposerait à tous de facto et aurait pour corrolaire des droits "inaliénables"
Il est facile de balayer ces notions qui font appel à une supposée "transcendance":
Si ces "lois divine ou naturelle" existaient, il n' y a aurait nul besoin de les énoncer et d'en punir la transgression.
En effet, y a t'il besoin d'une loi pour contraindre un assoifé à boire ou contraindre un homme à retirer sa main d'une flamme brûlante?
Non, évidemment.
Aucune loi n'est donc nécessaire pour renforcer ce que la nature commande ou punit.
Ergo, il n' ya donc pas de loi ni "naturelle", ni divine (le raisonnement ci-dessus s'applique à toute énonciation de loi de type juridique.
Ergo: s'il existe des lois énoncées et répressives, c'est exclusivement dans le cas où il s'agit de réprimer,de punir, des tendances tout à fait "naturelles"; il n' ya donc pas de droits fondamentaux ou inaliénables
Pour une femme qui ne souhaite pas garder un enfant (pour ses raisons, qui lui sont propres et qui doivent être respectées), vous dites qu'elle doit pouvoir le donner.
Mais s'agissant du droit de l'enfant de connaître ses origines (c'est un droit qui lui appartient du simple fait de sa naissance).
Comment arbitrer ?