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Que devons-nous à l’État ?

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Ceci est mon corrigé d'un sujet du bac ES 2013, publié originellement sur Contrepoints . Introduction : L’État a-t-il des droits et avons-nous des devoirs envers lui ? Tel est le sens de la question qui nous est posée dans le sujet : Que devons-nous à l’État ? Car si, par hypothèse, nous avons des devoirs vis-à-vis de lui, c’est qu’il nous offre quelque chose et que par un juste retour des choses, nous aurions des obligations morales à son égard. Si l’État nous protège, par exemple, nous lui devons en retour obéissance. « Protecto ergo obligo », je protège donc j’oblige, tel serait le cogito de l’État. Si l’État construit des infrastructures, des routes, des ponts, des feux de signalisations, des services de police, de secours et de défense nationale, nous lui sommes redevables moralement. Sans lui, pas de développement économique et culturel. À l’inverse, il faut immédiatement remarquer ce paradoxe que l’État serait bien incapable de faire tout cela sans le travail et l’é

Les harmonies naturelles du monde social selon Frédéric Bastiat

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Les intérêts humains, laissés à eux-mêmes, sont-ils harmoniques ou antagoniques ? Telle est la grande question qui sous-tend l'analyse des sociétés. Il y a deux sortes d'harmonies selon Bastiat : - celle qui est imposée d'en haut par des législateurs omniscients : c'est l'harmonie construite, c'est l'harmonie forcée. - celle qui résulte de l'action volontaire des hommes sur un marché libre : c'est l'harmonie naturelle. La première relève de l'ingénierie sociale, de l'organisation scientifique de la société, de la planification comme le dira plus tard Hayek. Elle part du principe faux que l'humanité tend vers la dégradation et le mal. C'est la théorie des antagonismes : l'humanité est traversée par des tendances perverses qui la conduisent au désordre et à l'anarchie. Paradoxalement, cette école n'est pas pessimiste mais au contraire optimiste. Elle crois qu'on peut redresser l'humanité par un tra

Spinoza vs Hobbes : raison et déraison d'État

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Dans cet article, faisant suite à la parution d'un essai de Christian Lazzeri, Philippe Simonnot confronte la pensée de Hobbes et celle de Spinoza sur la question de l'État. Il en ressort des conceptions radicalement différentes de la souveraineté : à l'inverse de Hobbes, Spinoza estime en effet qu'il n'y a pas de contrat social à la base de l'État. A un correspondant qui lui demande quelle est la différence entre sa vision politique et celle de Hobbes, Spinoza répond que Hobbes conçoit la cité comme une sortie de l’état de nature, alors que lui considère qu’il s’agit de sa continuation. Alors que Hobbes compte essentiellement sur l’effroi que suscite le Léviathan, Spinoza préfère l’adhésion par intérêt qui profite à chacun. (Voir tout en bas un texte de Spinoza qui résume bien sa pensée) En ces temps de déréliction de la puissance publique: comment ne pas revenir à Thomas Hobbes (1588-1679), qui passe dans l'histoire de la pensée occidentale pour

The cyclist

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Vidéo ci-dessous, réalisée par 2 élèves de TS en hommage à leur prof de philo : Version HD : En toute modestie :

50 citations expliquées pour le bac de philo

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https://docs.google.com/file/d/0B49FlnpxKwu7VFZyRXV2Vl9vZkE/edit?usp=sharing Le mot de passe est le même que pour nicomaque.com + 2013 (demandez-moi : philo@nicomaque.com)

Arendt versus Eichmann : la banalité du mal

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La sortie du film Hannah Arendt sur les écrans français est l’occasion de rappeler le contexte dans lequel émergea le concept aujourd’hui célèbre de « banalité du mal ». En effet, tout le film tourne autour du procès d’Adolf Eichmann, auquel Arendt a assisté en tant que journaliste et qui lui inspira un livre sur ce thème. Eichmann fut un fonctionnaire nazi chargé du transport des juifs lors de la déportation Il fut enlevé par les services secrets israélien, le Mossad, en 1960 en Argentine, où il se cachait. Il fut jugé à Jérusalem, condamné à mort en décembre 1961, et pendu le 31 mai 1962. Eichmann était-il un barbare nazi se cachant derrière un personnage de bureaucrate ? Ou bien au contraire « bureaucrate qui, parce qu’il était bureaucrate, avait atteint ce niveau d’efficacité dans la barbarie » ? Hannah Arendt choisira la seconde hypothèse La défense d’Eichmann a d’abord surpris tout le monde. Il plaida «  Non coupable dans le sens entendu

Raymond Boudon et l’individualisme méthodologique

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Par Damien Theillier Pro­fes­seur émérite à l’Université de Paris-Sorbonne et membre de l’Académie des sciences morales et poli­tiques, Ray­mond Bou­don fut l’un des grands sociologues français de ces trente dernières années. Il vient de mourir à l’âge de 80 ans. Fervent défen­seur de l’individualisme métho­do­lo­gique, il fut le premier à introduire ce courant de pensée en France après avoir l’avoir étudié aux États-Unis dans les années 60. Mais qu’est-ce que l’individualisme méthodologique ? Retour sur un concept qui fait toujours débat, des années après la querelle qui a opposé Raymond Boudon à Pierre Bourdieu. Les sciences sociales, appelées aussi sciences morales, ou sciences de la culture, tentent de comprendre, avec les méthodes des sciences de la nature, la diversité des faits sociologiques, des faits historiques, des phénomènes économiques et politiques etc. Dès leur naissance, deux tendances antagonistes ont vu le jour : l'individualisme de l’école allemande d