Aron en quarto pour le centenaire

A l'occasion du centenaire de Raymond Aron, les édition Gallimard publient chez Quarto (édition de poche) un volume réunissant les principaux ouvrages du philosophe et sociologue sur la démocratie :

PENSER LA LIBERTÉ, PENSER LA DÉMOCRATIE :
Une révolution antiprolétarienne. Idéologie et réalité du national-socialisme - États démocratiques et États totalitaires - L'Homme contre les tyrans - Une révolution antitotalitaire : Hongrie 1956 - Polémiques - La Tragédie algérienne - La Révolution introuvable - Dix-huit leçons sur la société industrielle - La Lutte de classes. Nouvelles leçons sur les sociétés industrielles - Démocratie et totalitarisme - Les Désillusions du progrès. Essai sur la dialectique de la modernité - L'Aube de l'Histoire universelle

Les cent ans de Raymond Aron ont été célébrés plus discrètement que ceux de son ancien compagnon de l'ENS, Jean-Paul Sartre, né lui aussi en 1905.
Raymond Aron est inclassable. Intellectuel anticonformiste, il est allé à contre-courant des idées dominantes de l'intelligentsia de gauche. Il a eu raison avant les autres sur la nature du régime soviétique, du stalinisme et de la guerre froide. Et dans les années 50, il a eu le courage de tenir sa position, tout en accomplissant une oeuvre scientifique indiscutée.

«Jamais les hommes n'ont eu autant de motifs de ne plus s'entretuer. Jamais ils n'ont eu autant de motifs de se sentir associés dans une seule et même entreprise. Je n'en conclus pas que l'âge de l'histoire universelle sera pacifique. Nous le savons, l'homme est un être raisonnable mais les hommes le sont-ils ? »
Raymond Aron.

« L'héritage d'Aron, c'est un état d'esprit, une éthique intellectuelle, un engagement de citoyen. L'état d'esprit réside dans la volonté de comprendre avant de juger en pensant le monde tel qu'il est et non tel qu'on le rêve. L'éthique intellectuelle passe par le respect des faits et l'impartialité dans la discussion. La posture mêle indissociablement le savant et le combattant de la liberté politique, qui "contribue à rendre les hommes dignes d'elle, à en faire des citoyens, ni conformistes ni rebelles, critiques et responsables". »
Nicolas Baverez.

"Un très grand professeur, c'est par-dessus tout ce que Raymond Aron a été pour plusieurs générations successives. Il l'a été pour nous. Il l'a été jusqu'au bout, dans la plus haute acception du terme, y compris à travers ses activités extérieures à l'Université. Ce qui lui a donné en effet sa place singulière dans le journalisme français a été d'y avoir importé ce que l'Université a de meilleur. Il a su aller au-delà du classique éditorial d'opinion pour accomplir, sur trente ans, un travail en profondeur, nourri d'informations et d'arguments, privilégiant toujours l'exercice du jugement sur l'engagement de principe. Il aura été le grand éducateur de notre raison politique.
À l'âge des spécialistes et de leurs savoirs étroits, Raymond Aron frappait d'abord par l'extraordinaire ouverture de son spectre d'intérêts et sa connaissance intime de domaines éloignés — philosophie, économie, sociologie politique, histoire —, tous indispensables à ses yeux à l'intelligence du présent. Contre la pente française à l'autarcie intellectuelle, il a été, dans son enseignement, mais aussi, on l'oublie trop, par son travail d'éditeur, un initiateur à la culture sans frontières de son temps, de la pensée allemande à la réflexion économique et stratégique des Anglo-Saxons. À l'arrogance du philosophe qui tranche de tout en artiste et dans le dédain des doctes, il a constamment opposé l'éthique du savant et l'éminente dignité de la connaissance. Loin de toutes les facilités, il a incarné, dans toutes ses activités, la parole et l'écrit, une rigueur sans défaillance et la passion de la vérité."
Le Débat, n° 28, janvier 1984

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