La psychanalyse en accusation
"De Platon à Schopenhauer en passant par Charcot et Pierre Janet, il n'aurait rien découvert, mais beaucoup pillé. Au fond, Freud serait un récupérateur de talent, un faiseur. Mais si la pensée de l'illustre Viennois est à ce point envahie par les intuitions géniales des autres, comment expliquer qu'elle soit, dans le même temps, si vaine et si erronée ? Etrange contradiction que ne résout pas l'ouvrage. Mais ce n'est pas tout. Non seulement Freud n'a rien pensé, mais en plus il s'en doutait. Au mieux, il fut un maquilleur des idées d'autrui, au pire un escroc. Et aussi un affairiste. Une fois compris que sa méthode lui servait à devenir célèbre, et à gagner beaucoup d'argent, il a exclu ses concurrents, persécuté Jung et Adler, domestiqué Ernst Jones et Ferenczi. Un monstre, ce Freud ! "
Et il poursuit :
Freud est inscrit au programme de philosophie en terminale et la notion d'inconscient figure dans la liste des notions. Or ce qui retient l'attention du philosophe dans la psychanalyse, c'est moins sa valeur scientifique que sa pertinence philosophique. En effet, au-delà de son appareil conceptuel médico-scientifique, elle prétend énoncer un certain nombre de vérités sur l'humanité de l'homme en tant qu'homme. Elle nous place directement sur le terrain de l'essence de l'homme, sur le terrain de l'universel, du concept d'homme. Freud, dans les Nouvelles Conférences d'introduction à la psychanalyse, recommande son étude : " à cause de son contenu de vérité, à cause des lumières qu'elle nous donne sur ce qui concerne l'homme le plus directement, sur son être."
En un mot, la psychanalyse nous donne à penser parce qu'elle tente de répondre à l'antique injonction de Socrate : "connais-toi toi-même" et non parce qu'elle aurait une valeur scientifique quelconque.
Je renvoie à la lecture de Pourquoi la psychanalyse, d'Elisabeth Roudinesco (1999). Paris, Fayard. 197 pages.
Couverture et endos du livre:
Pourquoi consacrer tant de temps à la cure par la parole quand les médicaments, parce qu'ils agissent directement sur les symptômes des maladies nerveuses et mentales, donnent des résultats plus rapides? Les théoriciens du cerveau-machine n'ont-ils pas réduit en cendre les chimériques constructions freudiennes? Dans ces conditions, la psychanalyse a-t-elle un avenir?
C'est à ces trois questions qu'Élisabeth Roudinesco répond dans cet essai combatif, informé, résolument critique des prétentions contemporaines à convertir la science en religion et à regarder l'homme comme un automate.
Les médicaments? Chacun sait que la France fait grande consommation de psychotropes pour soigner l'angoisse, la dépression, la folie, les névroses, et on ne saurait nier leur efficacité. Faut-il pour autant réduire la pensée à un neurone et confondre le désir avec une sécrétion chimique?
Un siècle d'existence et la psychanalyse est plus que jamais contestée. Pour ses adversaires les plus virulents, les neurobiologistes, les processus intellectuels et psychiques seraient entièrement réductibles à des connections neuronales ou de sécrétions chimiques cérébrales. Qu'un conflit psychique induise un dérèglement chimique n'invalide en rien les théories freudiennes. Dès lors, c'est dans l'évolution sociale qu'il faut chercher ce discrédit de la psychanalyse. Laquelle n'est plus adaptée à la société actuelle: une société qu'Elisabeth Roudinesco qualifie de dépressive, et où l'homme, qui n'est plus évalué qu'à l'aune de sa rentabilité, se trouve dépossédé de la profondeur et du sens de ses passions.
sous la direction de Catherine Meyer
Editions les Arènes, 830 p., 29,8O €.
Commentaires
La question serait de savoir si le dispositif de la cure psychanalytique n'est pas le plus sur moyen de déposséder quelqu'un du sens de ses actes et de ses énoncés (voir le livre de Nathan Stein, La fiction psychanalytique, Mardaga.
Ou encore, ne conviendrait-il pas de tracer des frontières nettes entre direction de conscience, médécine du système nerveux, et métaphysique, sans faire une confusion entre tout ces domaines.
http://www.arenes.fr/livres/fiche-livre.php?numero_livre=119
un peu sommmaire
je vous renvoie au livre l'écoute de M. Bellet pour ma part.
car l'évaluation de l'écoute (ce que ne peut concevoir Cottraux) d'une prend du temps et de deux pose elle la question du sens de la vie au niveau du moi. La métaphysique le fait au niveau de l'être. les deux sont necessaires.
doit-on pour autant tracer des frontières? nettes? au contraire je dirai. alors sûr bcp de psychanalistes ne l'ont peut-être pas saisi. et ceux qui croit possible, et necessaires un tel rapprochement s'expose bcp à des critiques comme les formule mr N. Stein apparemment; c'est bien sûr, pour moi, l'un des plus sûrs moyens.