La crise de l'autorité

Voici quelques extraits d'une émission de France Culture, Répliques, animée par Alain Finkielkraut, avec Pierre Manent et Alain Renaut (professeur de philosophie à la Sorbonne Paris IV) sur le thème de la crise de l'autorité (2004).

Extrait 1 : L'idée du semblable paralyse la délibération politique
Extrait 2 : Une ambiguïté sur le sens de la démocratie
Extrait 3 : Autonomie ou hétéronomie ?
Extrait 4 : La crise de la culture et de l'école

Signalons qu'Hannah Arendt avait médité sur cette crise de l'autorité. Dans le recueil de textes intitulé La crise de la culture, elle consacre un article à l'éducation (Folio essais, Gallimard, 1972). Arendt explique qu'on s'est trompé sur la mission fondamentale de l'école :

"En pratique, il faudrait bien comprendre que le rôle de l'école est d'apprendre aux enfants ce qu'est le monde, et non pas leur inculquer un art de vivre. Etant donné que le monde est vieux, toujours plus vieux qu'eux (les enfants), le fait d'apprendre est inévitablement tourné vers le passé, sans tenir compte de la proportion de notre vie qui sera consacrée au présent."

Et quelques lignes auparavant : "il me semble que le conservatisme, pris au sens de conservation, est l'essence même de l'éducation, qui a toujours pour tâche d'entourer et de protéger quelque chose - l'enfant contre le monde, le monde contre l'enfant, l'ancien contre le nouveau. "

Hannah Arendt rappelle les adultes à leurs devoirs : “ C’est bien le propre de la condition humaine que chaque génération nouvelle grandisse à l’intérieur d’un monde déjà ancien, et par suite former une génération nouvelle pour un monde nouveau traduit en fait le désir de refuser aux nouveaux arrivants leurs chances d’innover.( …) Le monde dans lequel les enfants sont introduits est un monde ancien, c’est-à-dire un monde préexistant, construit par les vivants et les morts. ”

Or le rôle de l’éducateur, rappelle H. Arendt, est de faire le lien entre l’ancien et le nouveau : “ sa profession exige de lui un immense respect du passé ”.

“ La crise de l’autorité dans l’éducation est étroitement liée à la crise de la tradition, c’est-à-dire à la crise de notre attitude envers tout ce qui touche au passé ”.


Commentaires

Anonyme a dit…
Les problémes que la France a connu devraient donc trouver une solution rue de Grenelle plutot que place Beauvau...
En effet depuis 1989 et la loi sur l'éduaction, les décideurs politiques, ont choisi de mettre l'élève au centre du système éducatif, à la place du savoir...
Le "fais ce que voudras" de l'abbaye de Thélème aurait-elle (trop) inspiré ceux a l'origine de cette loi?

Matthieu

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