Xénophobie, extrême droite : la mystification (ch.4)


Alain Laurent écrit :

"Dans beaucoup de nations européennes, une proportion notable et en constante progression de citoyens accepte de moins en moins de devoir passivement subir les multiples désordres provoqués par l'afflux hors de contrôle d'une immigration de peuplement et d'ayants droit, les ratages de l'intégration d'une partie de la population issue de l'immigration déjà installée et de la transplantation durable d'une pratique traditionaliste ou rigoriste de l'islam incompatible avec le droit commun national ou, plus largement, avec les règles en usage dans une société ouverte."

Ces citoyens sont d'autant plus indisposés qu'ils constatent l'impuissance des pouvoirs publiques à résoudre les problèmes ou, pire, sa volonté de les minimiser ou de les occulter. Ces citoyens doivent de plus se soumettre aux nouveaux dogmes d'une société multiculturelle et aux dogmes de la bien-pensance. Ceux qui résistent sont alors accusés d'être "racistes" et "adeptes des idées d'extrême-droite".

"Je propose donc maintenant de montrer que ces imputations de xénophobie sont dénuées de tout fondement sérieux; qu'elles reposent sur une incompréhension délibérée et loin d'être innocente des vrais motifs d'exaspération..."

Une protestation non xénophobe


La France a changé depuis trente ans. Désormais, il est difficile à un "Gaulois" de retourner dans certains quartiers de banlieue auparavant paisibles; certains centres ville peuvent être mis à sac par des razzias venus de quartiers dits sensibles et surtout la France qui était si laïque "( plus personne ne parlait de laïcité tant elle allait consensuellement de soi...)" doit maintenant afficher une "charte de la laïcité" dans certains lieux publics.

La dégradation intervenue dans la vie quotidienne des gens les exaspère."Et l'indulgente impunité dont continuent à bénéficier les jeunes voyous a fini de les révulser." D'autant que beaucoup de migrants antérieurs à ces derniers arrivés se sont installés et intégrés en France sans faire de désordre ni exiger de changer les règles d'une société ouverte. Enfin, les citoyens se scandalisent de payer par le biais de leurs impôts des factures dues à cet afflux d'immigration : "une dette d'un milliard d'euros rien qu'au titre de l'aide médicale d'Etat : chiffres 2007" et les réparations des dégâts dans chaque ville concernée par les émeutes ou désordres quasiment quotidiens. ("politique de la ville").

"Quand ils entendent dire que tous les griefs relèvent du fantasme ou d'une exagération à relents xénophobes, pour eux la coupe est pleine." Qu'on se rappelle tout de même certains faits : février-mars 2005, lors des manifestations lycéennes, violences racistes commises aux cris de "on va casser du Blanc"; émeutes de novembre 2005, insurrection de Villiers-le-Bel en 2007("affrontement armé unilatéral : des dizaines de tirs d'armes à feu avec volonté de tuer dirigés contre des policiers qui ne ripostent pas et ont 80 blessés par balles ou plombs."). "La France est entrée dans une ère de guérilla larvée". Et les citoyens n'en peuvent plus de cet état de fait.

Des rapports officiels ravivent de plus leur inquiétude : le fameux rapport Obin, (cf. le chapitre 3 recensant les dégradations dans l'enseignement en ZEP), le rapport, fin 2006, de l'Institut national des hautes études sur la sécurité sur le "neuf-trois" qui parle de "déferlante de violences" avec une délinquance "hors-normes" et enfin le rapport interne de la CGT à propos des violences sur les agents des services publics dans les "cités interdites"("l'expression figure en intertitre dans le dossier du Nouvel Observateur qui en rend compte").

Et les rapports de l'ONU ne sont pas en reste pour raviver l'exaspération des citoyens français : Kofi Annan de déclarer le 29 janvier 2004 ( il est alors secrétaire général de l'ONU) : "les sociétés européennes doivent s'adapter à ceux qui les accueillent". Les rapports de l'ONU d'octobre 2005 puis d'avril 2007 "affirment péremptoirement que ces mêmes sociétés "vieillissantes" doivent sans tarder s'ouvrir à une "immigration de peuplement". Enfin le rapporteur de l'ONU pour la xénophobie, Doudou Diène accuse la politique française d'immigration de porter"une dynamique de légitimation du racisme".

Les citoyens "en colère" ne pensent pas du tout être "racistes" comme le déclare à l'envie la bien-pensance. Simplement, selon eux cette immigration de masse mal contrôlée est la cause de cet échec de l'intégration et des désordres en France.

"Une partie des migrants ignorent les codes sociaux... et se trouvent destabilisés. (...) Pâtissant de cette fracture culturelle, ils tendent à se replier sur leur mode de vie communautaire et la culture des origines : mesure de protection conservatoire..."

La ghettoïsation n'est nullement le fait d'une politique sociale mais simplement d'une tendance spontanée. Ces structures "infra-sociétales" sont l'effet pervers de cette ghettoïsation de masse.

L'effondrement d'autre part de l'autorité parentale explique la surdélinquance des jeunes de la deuxième ou troisième génération de l'immigration. Le chômage de ces pères immigrants sans qualifications explique leur absence d'autorité sur une progéniture souvent ultranombreuse."Abandonnés à eux-mêmes, vivant essentiellement entre eux dans la rue, ces jeunes pratiquent avec assiduité l'absentéisme scolaire..." et provoquent la spirale de la violence et du chômage.

"La plupart des citoyens exaspérés ne rejettent nullement l'Autre en soi mais certains "autres" en raison de leurs comportements ancrés dans la violence ou d'hostilité aux règles de vie en Europe et non de leur "origine" ou "race". Par contre leur exaspération s'érige contre l'Etat. Ces citoyens non racistes "demandent tout simplement qu'enfin l'Etat exerce pleinement ses responsabilités régaliennes en faisant respecter partout en France et aux frontières les règles de l'état de Droit et en pratiquant la tolérance zéro sans distinction d'origines..."

Vrai racisme et nouveaux vrais visages du fascisme

"Etre opposé à l'immigrationnisme et à l'emprise de l'islam traditionaliste sur la société française, c'est être "xénophobe" et "islamophobe" : telles sont les nouvelles tables idéologiques de la loi qui s'est imposée en France - et bien ailleurs en Europe." La manipulation intellectuelle est claire : faire passer l'exaspération ou l'inquiétude des gens pour du racisme.

Définition du vrai racisme : "en toute rigueur, ne mérite d'être qualifiée de raciste que la réclusion à priori de l'identité des individus dans l'appartenance à un groupe défini par des caractéristiques biologiques fortes (un déterminisme collectif des compétences personnelles) le plus souvent réductrices et péjorantes - alibi à un projet d'exclusion."
Exemple de vrai racisme : "celui qui sévit actuellement en Russie ou en Allemagne orientale dans les meurtriers pogroms anti-immigrés qui se multiplient".

Analyse de Revel : il y a une tendance à attribuer "à un racisme a priori, doctrinal et métaphysique, les réactions d'inquiétude et les difficultés inévitablement éprouvées par les populations d'accueil" (1999). Les partisans d'une totale liberté d'immigration " n'ont nul droit de taxer de facisme, de racisme et de vichysme les citoyens qui craignent les répercussions chaotiques et néfastes d'une régularisation automatique de tous les arrivants illégaux, autrement dit d'une suppression totale des contrôles."(2000)

L'amalgame entre xénophobie/racisme et étiquette "extrême-droite" est vite opéré et c'est ainsi que tout le monde se retrouve sous cette cet amalgame : "les idées de l'extrême-droite incarnées par J.M. Le Pen continuent de se banaliser" (le Monde, 27/12/05): la lepénisation serait en marche.

La plupart des citoyens qui ont voté Le Pen ou qui ont simplement repris les idées anti-immigrationnistes l'ont fait non par vrai racisme mais par protestation et aussi parce qu'ils n'avaient pas d'autre choix. Ce choix protestataire fait en désespoir de cause et faute d'une issue alternative ne préjugeait en rien d'une adhésion idéologique à tout le reste - de loin le plus important - du projet d'un parti cultivant le nationalisme identitaire ( ce macro-communautarisme !), autoritaire, anti-laïque, hyper-protectionniste, réellement xénophobe ( de l'antisémitisme avoué au rejet de toute immigration et à la dénonciation des "étrangers" volant l'emploi des "nationaux") et partisan d'un ordre moral puritain, paternaliste et rétrograde... et donc ennemi de la société ouverte comme l'ont toujours été les formations d'extrême-droite.

Le Pen, "ennemi avéré de l'Occident": il faut se rappeler son antiaméricanisme et anti Israélisme viscérals ( "il jugeait le 21 septembre 2001 que les Etats-Unis avaient bien cherché et mérité ce qui leur était arrivé le 11 septembre) et Le Pen, pro islamiste avéré : sympathie marquée pour l'Iran de Khomeiny et des ayatollahs dont le programme nucléaire actuel destiné à anéantir Israel est formellement approuvé, par une compréhension manifestée envers le FIS algérien, puis un appui sans faille au régime de Saddam Hussein jusqu'au plus fort de l'intervention américaine en Irak.

Mais ce vrai racisme a été complètement ignoré par la plupart des gens qui adhéraient aux idées d'extrême droite à cause de la capitulation de l'Etat face à l'immigration massive non contrôlée et pire face à la dénonciation de ce même Etat des gens qui tentaient de dévoiler les désordres engendrés par une partie de cette immigration non contrôlée."Pendant quinze ans, ce fut un crime, politiquement incorrect, de faire observer qu'une immigration anarchique... provoquerait une réaction de rejet dans la population."
"Le Front National ne reculera que si ces erreurs sont reconnues et corrigées". Ces mots de Revel datent de 1999, et effectivement, le Front National s'est dégonflé comme une baudruche le jour ou la droite a repris à son compte le thème de la sécurité et de l'immigration.

Extraits de courriers reçus par le Monde suite à un éditorial du 8 juillet 2006 s'opposant à l'expulsion d'enfants scolarisés de clandestins : "C'est une faute morale de soutenir l'installation sauvage d'immigrés arrivés irrégulièrement"; " ... à l'évidence l'intégration des immigrés se passe mal (ils sont hyper-surreprésentés dans la population des prisons par exemple), l'immigré est toujours présenté comme une victime, et toute tentative pour limiter les flux comme une dérive fascisante."

Le vrai fascisme actuellement : où le trouver ?

Les belles âmes de l'anti-facisme" n'ont pas vu arriver un réel danger de facture formelle typiquement fascisante, mais sur l'autre bord du spectre idéologique où elles se refusent à l'identifier comme tel. D'abord à l'extrême gauche, avec un "fascisme" rouge agissant et à bien des égards idéologiquement proche du fascisme classique d'extrême droite (antisémitisme xénophobe à peine dissimulé sous l'anti-sionisme et la haine d'Israël, anti-parlementarisme, anti-américanisme, anti-libéralisme...)
Ces nouveaux fascistes, bien souvent héritiers ou admirateurs des commandos Action Directe, Brigades Rouges, etc.... s'allient avec des islamiste radicaux trouvés dans les banlieues ("islamo-fascisme") :

"Pourtant, entre l'intégrisme islamique, ce néo-fascisme vert, et le fascisme noir européen la similitude tripale doctrinale ressort de l'évidence : commune fascination pour la violence et la mort sacrificielle... bien sûr, mais aussi même haine pour les femmes, les homosexuels, les juifs, l'individualisme; et même aspiration à la fusion dans le tout d'une vaste communauté close..."

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