Nouvelles censures, nouvelles inquisitions (ch.3)


Autocensure: le nouvel impératif catégorique

L'affaire des "caricatures de Mahomet".
Le 12 septembre 2005, Fleming Rose, rédacteur en chef des pages culturelles du "Fyllands-Posten", publie douze dessins représentant Mahomet, demandés à une quarantaine d'illustrateurs de presse.
Objectif : tester la réalité et l'ampleur de l'auto-censure au Danemark. En effet, un journaliste de gauche, Kare Bluitgen, se heurte à de grandes difficultés pour illustrer un livre d'histoire pour ados sur "Le Coran et le Prophète Mahomet". Après la parution du livre et des dessins, "la planète islamique s'embrase furieusement", jugeant les dessins "blasphématoires".
La plupart des Etats membres de l'Union vont s'empresser de fournir de plates excuses et surtout de convenir à la limitation de la liberté d'expression dans le traitement des religions et autres cultures. Le principe suprême de la société ouverte est alors remis en question au nom de la "raison d'Etat". En fait au nom d'une seule religion : l'islamisme.

Tous les gouvernements européens ont condamné ce manque de respect et de responsabilité du journal danois. Le Vatican aussi et pourtant, l'année suivante, le Pape Benoit XVI se fera "lyncher" par les musulmans à cause de son discours à Ratisbonne.

En France : "A l'inverse des voisins européens, aucun grand titre national ne reproduit les dessins. Seuls, l'Express et surtout France Soir s'y risquent- mais plus personne ne lit ce dernier, il va fermer boutique et son directeur est aussitôt renvoyé pour ce fait d'arme. Heureusement Charlie Hebdo vient à la rescousse et fait un tabac en les reproduisant à son tour une semaine plus tard. Le gouvernement, lui, déclare qu'il faut "exercer un esprit de responsabilité et éviter tout ce qui peut blesser les convictions d'autrui."

Conclusion : l'islam est désormais au dessus des lois de la République et des principes de la société ouverte.

Au delà de l'autocensure, la censure s'annonce ouvertement

Deuxième affaire en France, l'affaire Robert Redeker
Dans le Figaro du 19 septembre 2006, un professeur de philosophie, Robert Redeker écrit un texte intitulé : "face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ? Il répond aux condamnations musulmanes contre le discours du Pape à Ratisbonne et écrit notamment : "Il y a une islamisation des esprits en France, une soumission plus ou moins consciente aux diktats de l'Islam". Selon lui, l'islam est "une religion qui, dans son texte sacré même autant que dans ses rites banals, exalte violence et haine" et Mahomet : "maître de haine".

Cette affaire fait surgir de façon encore plus violente l’existence, en France, des maîtres de l'autocensure ou de la censure tout court.

Deux positions face à Redeker :
- La première souligne le caractère "ignoble" des idées du philosophe.
La Ligue des droits de l'homme juge ces "idées nauséabondes", le SNES "refuse de soutenir un collègue enseignant". Les commissaires politiques à la répression idéologique de "l'islamophobie" (J. Bauberot, O. Roy et consorts) se livrent à un lynchage public.

- Deuxième position, plus perverse consiste à déclarer Redeker libre de sa pensée mais il aurait du en tout état de cause s'autocensurer. Une double fatwa a frappé Redeker : celle des tueurs qui l'ont désigné à la vindicte publique, celle de la bien-pensance qui a redoublé le verdict par un discrédit unanime.

L'impossibilité de critiquer l'islam en France a été confirmée par ces deux affaire mais aussi par des faits moins médiatiques : que l'on se rappelle le lynchage de Houellebecq en 2001("la religion la plus con, c'est l'islam"), celui d'Oriana Fallaci à la sortie de son livre "La rage et l'orgueil" etc.

Peut-on malgré toutes ces avanies vraiment parler de censure ? Les victimes de ces "censeurs" ont pu malgré tout écrire et livrer leurs pensées. Et l'Etat n'est pas intervenu pour réprimer. Y a t-il donc vraiment censure et si oui, sous quelle forme ? Il s'agit en fait d'une forme sournoise de censure, une censure sociale et non légale, où l'enjeu est de salir un nom et une réputation, d'intimider, de pousser le libre penseur à dorénavant se taire - et tenter de créer une jurisprudence plus restrictive.

Le rôle joué par l'Etat

L'Etat joue un rôle dans cette nouvelle censure, de deux façons :
1° en essayant d'occulter les chiffres réels de l'immigration et de la délinquance dans les "quartiers sensibles"
2° et surtout par l'élaboration d'une "législation qui encadre toujours plus l'expression des opinions" et l'apport du "support juridique dont a besoin la machine à porter plainte des lobbies idéologiques du politiquement correct."(cf. loi Gayssot, loi Taubira et loi Lellouche de février 2003).

Le professeur de droit Anne Marie le Pourhiet a fort bien établi le diagnostic sur "cette mise progressive de la liberté d'expression sous étroite surveillance idéologique étatique".
Elle juge que "la responsabilité première de cette dérive incombe aux gouvernements successifs, de gauche comme de droite."
Une limitation sociale ou étatique de la liberté d'expression contrecarre forcément les principes de la société ouverte, les fondamentaux de la démocratie libérale.
Au libre choix de croyances s'exposant sur la place publique doit normalement pouvoir correspondre un libre débat critique et public - sauf à conférer aux religions un exorbitant statut privilégié aux regard des autres types de convictions, philosophiques, idéologiques ou politiques.

A suivre...

(Merci à ma chère épouse pour son aide précieuse dans la lecture et la synthèse du texte)

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