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Faut-il moraliser le capitalisme ?

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La semaine dernière je lisais une excellente chronique de A.-G. Slama dans le Fig-mag. Je la reproduis ici tout en renvoyant à un article que j'avais écrit il y a quelques temps sur Hayek et la justice sociale. Pour Hayek (idée reprise par André Comte-Sponville) moraliser le capitalisme n'a aucun sens. Je cite Hayek : "Un marché fonctionnant de manière spontanée, où les prix agissent comme guides de l'action, ne peut pas prendre en compte ce dont les gens ont besoin ou ce qu'ils méritent, parce qu'il crée une distribution que personne n'a conçue. Et quelque chose qui n'a pas été conçu, une simple situation en tant que telle, ne peut pas être juste ou injuste. L'idée que les choses doivent être conçues d'une manière "juste" veut dire, en fait, que nous devons abandonner le marché et nous tourner vers une économie planifiée dans laquelle quelqu'un décide combien chacun doit recevoir. Et ceci signifie, bien sûr, que nous ne pouvons o

« L'argent est le propre de l'homme »

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Ce dimanche, mon ami Robert Redeker publie une chronique philosophique dans la Dépêche du Midi . En ces temps de crise économique, il rappelle utilement quelques vérités en voie de disparition : NON, l'argent n'est pas coupable car l'argent n'est pas un individu et seul un individu peut être moralement coupable de quelque chose. OUI l'argent est un progrès considérable de la civilisation car il offre à chacun les possibilités les plus variées pour bénéficier des fruits de son travail. Si l'on se mettait à rétribuer le travail, non par l'argent mais sous forme de distinctions honorifiques ou de privilèges, d'attribution d'un pouvoir sur d'autres ou de meilleurs conditions de vie, cela signifierait une considérable restriction de la liberté. Comme le dit Hayek, " Quiconque détermine la rétribution interdit par là-même le choix que l'argent autorise : il en fixe la nature en même temps que l'importance. " ( La route de la servitude

« Ce qu'est et n'est pas la démocratie. »

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Voici un texte de Soljenitsyne trouvé dans son livre : Comment réaménager notre Russie (1990) Alexis de Tocqueville tenait pour opposées les notions de démocratie et de liberté. Il était un ardent partisan de la liberté, mais absolu­ment pas de la démocratie. John Stuart Mill voyait dans la démocratie illimitée un danger de « tyrannie de la majorité » ; or peu importe à i l'individu d'être soumis à la tyrannie d'un seul ou d'un grand nombre. G. Fédotov a dit que la démocratie a été déformée par le matérialisme athée du XIXe siècle qui a décapité l'humanité. Et Joseph Schumpeter, homme d'État autrichien de notre siècle, traitait la démocratie d'ersatz de la foi pour l'intellectuel privé de religion. Et avertis­sait qu'il était impossible de considérer la démo­cratie hors de son pays et de son époque d'application. Le philosophe russe S.A. Lévitski a proposé de distinguer: - l'esprit de démocratie: 1. liberté

Obama et le rêve américain

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"Il existe deux bouts par lesquels on peut diminuer l'État : en réduisant ses moyens (les impôts) ou en réduisant ses activités" . Grover Norquist, patron de American for Tax Reform Faut-il le dire ? Comme simple observateur de la politique américaine, je me réjouis de la candidature d'Obama. Non seulement parce que le personnage est sympathique mais surtout parce qu'il incarne une profonde évolution des moeurs aux Etats-Unis. Pour autant, je ne souhaite pas qu'il devienne le prochain président américain, tout simplement parce que je ne partage pas ses idées. La fin du problème noir Obama est un symbole. Comme le souligne André Kaspi (voir la vidéo ci-dessous) cette candidature est d'abord un signe parmi d'autres que le problème noir appartient définitivement au passé. Bien sûr, il reste toujours quelques dérangés pour tenter de réveiller le KKK et lancer des appels au meurtre. Mais globalement les noirs aux Etats-Unis ont réussi leur intégration et

Quelques perles à écouter

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Des émissions de radio en mp3 pour ne pas bronzer idiot en vacances (à défaut de lire...) Si on vous demande un mot de passe, tapez : eleve SCIENCES et PHILOSOPHIE Jean Staune Jean Staune est l'auteur de "Notre existence a-t-elle un sens ?" Voir son site ici (avec de nombreux articles) Bernard d'Espagnat Bernard d’Espagnat, auteur de "Le réel voilé", relate sa quête de vérité entre physique quantique et philosophie. Comment la science et la philosophie sont-elles intimement liées ? HISTOIRE DES IDEES Philippe Nemo Un entretien sur son livre : Histoire du libéralisme en Europe Jean-François Revel Raymond Aron 1 Raymond Aron 2 PHILOSOPHIE POLITIQUE ET ECONOMIQUE Sur F. A. Hayek 1 Sur F. A. Hayek 2 Pierre Manent Et si vous avez de bonnes émissions à partager (radio ou vidéo), n'hésitez pas à poster un fichier dans ma filebox en mettant [nicomaque] à la fin de la description (le lien m'arrivera directement) :

Les 2 géants du XXe siècle

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Les connaisseurs apprécieront cette photo hautement symbolique. Qui aperçoit-on en arrière plan, applaudissant le prix Nobel de littérature ??? ... un autre réfugié politique, qui a passé sa vie à résister par sa plume et son intelligence. Ces deux hommes, chacun à leur manière, ont fait trembler puis chuter le mur de Berlin.

De la différence entre tolérance et liberté

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Un article lu ce matin sur l'affaire Gouguenheim me semble particulièrement intéressant : L’Etrange Affaire Aristote L'auteur de ce blog a eu la bonne idée de s'appuyer sur Bernard Lewis (grand spécialiste de l'islam) et sur Philippe Nemo. Il s'interroge sur la différence entre la civilisation islamique et la civilisation chrétienne concernant le rapport entre société et liberté. Il y a une grande différence entre la tolérance, qui consiste à ne pas faire usage de la coercition à l'encontre des autres religions, et la liberté civile qui consiste à reconnaitre que le pluralisme intellectuel, religieux et politique est le facteur agissant d’un ordre social supérieur. Or seul l'Occident a pu accéder (c'est le propre de la modernité) à ce type de société. J'ajoute que dans Qu'est-ce que l'Occident ? Philippe Nemo développe ce point de la manière suivante (p.69 à 71) : La raison et la connaissance humaine sont fondamentalement limitées et faillib