Articles

In memoriam Jean-François Revel

Image
Jean-François Revel est mort il y a bientôt 2 ans. Il était à l'honneur le jeudi 31 janvier à l'Académie française. Max Gallo, son successeur au fauteul n° 24, lui a rendu hommage comme le veut la tradition. Discours de réception de Max Gallo à l'Académie française (texte intégral) Extraits de ce discours Ici , une interview de Revel qui date de 1997, suite à la sortie de son recueil d’articles Fin du siècle des ombres. On peut y entendre Revel parler de philosophie. L’entretien dure 53 minutes. (Faire un clic droit et "enregistrer sous") J'ai passé à mes élèves un film d'entretiens de Revel avec Bernard Pivot. C'est un excellent DVD que je recommande à tous. Revel y explique pourquoi le communisme a pu tromper tant d'intellectuels. Il y explique ce que signifie pour lui la gauche et la droite. Un brillante leçon de lucidité et de liberté. En 1997, Bernard Pivot invite Jean-François Revel (1924-2006), jo urnaliste, é crivain, directeur de collec

Une leçon de philosophie politique

Image
http://www.youtube.com/watch?v=CUs1FAaMNDA&feature=user Ron Paul vient d'accorder, le 2 février 2008, un entretien au réseau social Myspace.com, sur lequel il arrive en tête des sondages pour les candidats républicains. Ce débat avec des étudiants est un modèle du genre. Ron Paul fait preuve d'une grande pédagogie surtout d'une capacité à élever le débat à des hauteurs philosophiques peu communes pour un candidat à l'élection présidentielle. Ron Paul est un constitutionnaliste, attaché à la responsabilité individuelle, favorable à un gouvernement fédéral limité et à une politique étrangère non-interventionniste, il se revendique avant tout comme un conservateur fidèle aux idéaux de Thomas Jefferson. Il est le seul élu au Congrès à avoir systématiquement voté contre l’intervention militaire en Irak et contre les législations anti-terroristes qui ont suivi l’attentat du 11 septembre 2001. Cette politique anti-guerre lui vaut une assez grande popularité, notamment che

La philo par le cinéma (2) Milgram et Verneuil

Image
« I comme Icare » d’Henri Verneuil (1979) est un film policier qui comporte une séquence inspirée des expériences de Stanley Milgram en 1964, (docteur en psychologie sociale de l'université de Harvard, professeur à l'université de New York) sur la soumission à l’autorité . (Stanley Milgram, « Soumission à l’autorité », 1974, trad. Fr. 1974, réédition Calmann-Lévy, 2002.) Le cinéaste d’origine arménienne, Henri Verneuil, a connu un triomphe précoce avec la Vache et le Prisonnier (1959). Cinéaste attitré de Fernandel, Verneuil va l'être aussi de Jean Gabin avec quatre films de légende : le Président (1956), U n singe en hiver (1962), (avecBelmondo), Mélodie en sous-sol (1963) et le Clan des Siciliens (1969) (avec Alain Delon). Il en est ainsi, également, pour Jean-Paul Belmondo que Verneuil dirige dans quelques-uns de ses plus grands succès : Cent Mille Dollars au soleil (1964), Week-end à Zuydcoote (1964), le Casse (1971), Peur sur la ville (1974) et le Corps de mon

Hayek et l'illusion de la justice sociale

Image
La philosophie politique connaît aujourd’hui un important renouvellement depuis la publication, en 1971, de la Théorie de la justice de John Rawls. Ce dernier est un héritier du contractualisme de Rousseau, de Kant et des Lumières. Tout en affirmant la primauté absolue de l’individu sur la société, il tente une synthèse du libéralisme et de la justice sociale. Ce libéralisme social a pourtant suscité d’importantes objections aux Etats-Unis, de la part du courant dit communautarien. Pour les communautariens tels que Alasdair Mac Intyre, Charles Taylor ou Michael Sandel le libéralisme de Rawls reste tributaire d’une conception abstraite de l’homme, celle d’un moi “désengagé”, séparé de toute appartenance à un corps physique et social. Le courant communautarien se définit souvent comme néo-aristotélicien et jouit d’une forte audience aux Etats-Unis. Mais à la même époque, dans les années 70-80, une nouvelle synthèse philosophique du libéralisme a vu le jour, celle de F. A. Hayek. L’intuit

René Girard et la guerre

Image
Dans son livre « Achever Clausewitz » (Carnets nord), René Girard livre une sombre analyse : « Il n'y a plus de politique intelligente, dit-il au Point . Nous sommes près de la fin. » CSOJ - René Girard Ecouter ici l'émission Répliques avec R. Girard, samedi 24 novembre 2007 Un entretien avec R. Girard à propos de son dernier livre René Girard : « la guerre est partout » 18/10/2007 - Propos recueillis par Élisabeth Lévy - © Le Point - N°1831 L'anthropologue de la violence et du religieux René Girard, de l'Académie française, a découvert chez Clausewitz, une référence en matière de stratégie militaire, d'étonnantes similitudes avec ses thèses. Pour vous, la « rivalité mimétique » est le moteur même de l'Histoire. Qu'est-ce qui vous fait penser qu'aujourd'hui il s'emballe ? Les guerres mondiales avaient marqué une étape dans la montée aux extrêmes. Le 11 septembre 2001 a été le début d'une nouvelle phase. Le terrorisme actuel reste à penser. O

Cette vieille querelle de la modernité

Image
L'une des grandes querelles de la modernité est celle qui oppose les Lumières françaises au romantisme allemand. Cette querelle continue de nos jours à piéger le débat philosophique et il est grand temps de s'en débarrasser. 1° D’un côté nous avons les rationalistes, adorateurs de la science, défenseurs inconditionnels d’un progrès sans fin qui nous conduirait automatiquement au bonheur et à la paix. 2° De l’autre côté nous avons les sentimentalistes, adorateurs de la nature et ennemis de la science et de la technique. C’est de ce courant que provient l’éco-moralisme dont on nous bassine aujourd’hui. Je ne me reconnais évidemment dans aucune de ces deux positions. 1° La première est issue de la philosophie française des Lumières (Condorcet) et du scientisme du XIXe siècle (Comte). L’ambition de cette époque était de reconstruire les sciences sociales en prenant la physique comme modèle. Mais l'abus de la méthode expérimentale a fini par détruire la morale commune et le droi

Pourquoi je ne lirai pas la lettre de Guy Môquet à mes élèves

Image
Voir mon premier article sur le sujet ici . Depuis je n'ai pas changé d'avis. Je me contenterai simplement d'ajouter quelques remarques. Un professeur est au service de la culture, pas du pouvoir politique. Il n’est pas là pour relayer une morale d’Etat ni les dernières lubies de tel ou tel homme d’Etat (fut-il président et quand bien même j'eus voté pour lui). De plus, la commémoration contribue à soumettre l’histoire à l’émotion et au sentimentalisme. Elle n’aide pas à saisir la vérité, elle ne fait pas de place pour l’analyse des faits et l’explication par les causes, seules à même d’éclairer l’élève, de former son intelligence. S’émouvoir peut créer une opinion, mais ne permet pas de raisonner. L’émotion ne rend pas autonome, elle rend manipulable. Ceci n'exclut pas bien sûr un usage éducatif légitime de l'émotion et du sentiment. Mais il faut donner la priorité à la réflexion et éviter l'abus de ce devoir de mémoire. Enfin, la raison officielle