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American vertigo, BHL et Fukuyama

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American Vertigo, le dernier livre de Bernard-Henry Lévy est sorti aux USA. Il sera en vente chez nous au mois de mars. Ce livre fait suite aux articles publiés l'an dernier dans le magazine The Atlantic Monthly , qui lui avait demandé de reprendre, plus de 170 ans plus tard, le voyage en Amérique de Tocqueville ( voir mon article du mois d'août ). Sur les routes de l'Amérique, BHL a également été suivi par une équipe de tournage, car son voyage deviendra un documentaire. "Ce n’est pas un livre de philosophie, indique BHL, puisque c’est du journalisme, c’est de la littérature, il est drôle - j’espère que vous rirez parfois. Mais c’est un travail philosophique malgré le fait d’être journalistique, comique, et ainsi de suite. C’est un geste philosophique." Selon Richard Hétu, correspondant à New-York, qui a lu le livre, American Vertigo se veut un livre anti-anti américain . Son auteur combat ainsi certains " mythes " et " clichés " entretenus

Relire Aron : un antidote pour une société démocratique en mal d’elle-même.

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Nous venons de célébrer le centenaire de la naissance de Raymond Aron, 1905-2005 (cf. mon article ). Après les publications et colloques, plutôt discrets en France, signalons la parution en DVD des entretiens du Spectateur engagé en 1981 avec Jean-Louis Missika et Dominique Wolton. A voir en DVD : 1° La France dans la tourmente (1930-1947) (52 min) 2° Démocratie et totalitarisme (1947-1967) (52 min) 3° Liberté et raison (1968-1981) (52 min) A lire en poche : Raymond Aron, Le Spectateur engagé. Entretiens avec Jean-Louis Missika et Dominique Wolton, Le Livre de Poche (Sciences politiques), Janvier 2005, 465 p., 8.50 €, Pierre Robert, professeur en classe préparatoires aux grandes écoles au lycée Franklin, a prononcé une conférence d'introduction à la vie et l'oeuvre de Raymond Aron le 22/11/2005, au cours d'une soirée du Centre Culturel Franklin. Il m'a aimablement autorisé à la publier in extenso ici (j'ai conservé le style oral) : I - Le parcours II - Ce que R. Aro

René Girard sous la coupole

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Un philosophe vient d'entrer à l'Académie française. Il y a été reçu ce jeudi 15 décembre au 37e fauteuil, celui dont le second titulaire fut Bossuet. Officiellement, René Girard fut professeur de littérature française et de civilisation mais sa compréhension novatrice du désir, de la violence et du religieux en fait l'un des grands philosophes de ce temps. Reconnu tout d’abord comme un théoricien original de la littérature avec un essai remarqué (Mensonge romantique et Vérité romanesque, 1961) qui proposait notamment une lecture de Dostoïevski entre stylistique et psychanalyse, René Girard allait développer dans ses livres suivants (La Violence et le Sacré, 1972; Des choses cachées depuis la fondation du monde, 1978; Le Bouc émissaire, 1982) une analyse du phénomène de la violence par le désir mimétique, c'est-à-dire le désir par deux sujets d'une même chose. Quand le désir mimétique intervient, la violence émerge immanquablement, il s'agit d'un mécanism

Une interview TV de Dantec

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Maurice G. Dantec a accordé le 3 novembre 2005 une interview à la TV quebecoise sur le thème de la guerre civile dans les banlieues françaises : Cliquez ici (faire un clic droit et "enregistrer la cible sous") Maurice G. Dantec a quitté la France pour le Quebec il y a une dizaine d'années après l'agression de sa femme en banlieue parisienne. Mais il précise : « Je cherchais une porte de sortie depuis plusieurs années. Il y avait la violence urbaine qui me dérangeait, mais aussi, tout le contexte général : je sentais que la France allait mourir en tant que nation, qu'elle était en train de programmer son déclin. Je voyais la France s'enfoncer dans un marasme économique, politique, social. Et en même temps, il y a cette langue de bois très française qui fait que vous ne pouvez pas dire les choses sans vous faire traiter d'islamophobe ou de raciste. » Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Dantec est un auteur prolifique et talentueux de thrillers, d

L'école selon Jacqueline de Romilly

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Jacqueline de Romilly s'exprime aujourd'hui dans Le Figaro (Propos recueillis par Marie-Laure Germon [08 décembre 2005] " Je regrette que l'on n'oeuvre pas suffisamment pour ce qui développe la formation de l'esprit par la culture, par les textes et l'intimité avec les grands auteurs, perdant ainsi un contact précieux avec ce que les autres ont pensé avant nous. " Extraits : Diriez-vous que l'enseignement actuel est en partie responsable de l'effondrement du sens civique ? J'en suis convaincue et cela me préoccupe beaucoup. On en voit d'ailleurs les résultats tous les jours et qui ont même culminé en crises graves, telles celles traversées dans nos banlieues. Mais je veux croire que ces tensions répétées sauront engager un sursaut. Au plan pédagogique, je distinguerais deux éléments cardinaux qui nous font actuellement défaut : tout d'abord, la qualité de l'atmosphère des classes où l'on apprenait le goût du travail bien fa

La crise de l'autorité

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Voici quelques extraits d'une émission de France Culture, Répliques, animée par Alain Finkielkraut, avec Pierre Manent et Alain Renaut (professeur de philosophie à la Sorbonne Paris IV) sur le thème de la crise de l'autorité (2004). Extrait 1 : L'idée du semblable paralyse la délibération politique Extrait 2 : Une ambiguïté sur le sens de la démocratie Extrait 3 : Autonomie ou hétéronomie ? Extrait 4 : La crise de la culture et de l'école Signalons qu'Hannah Arendt avait médité sur cette crise de l'autorité. Dans le recueil de textes intitulé La crise de la culture, elle consacre un article à l'éducation ( Folio essais, Gallimard, 1972) . Arendt explique qu'on s'est trompé sur la mission fondamentale de l'école : "En pratique, il faudrait bien comprendre que le rôle de l'école est d'apprendre aux enfants ce qu'est le monde, et non pas leur inculquer un art de vivre. Etant donné que le monde est vieux, toujours plus vieux

Pierre Manent et le néo-tocquevillisme

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Y a-t-il un point commun entre Alain Finkielkraut et Pierre Manent ? Oui : Tocqueville . L'un est juif, l'autre catholique mais ils partagent le même effroi que Tocqueville devant les dérives d'une démocratie que pourtant ils jugent incontournable. L'égalitarisme contemporain tend à transformer les citoyens en simples ayants droits au détriment l'intérêt général. La politique devient ainsi gestion technocratique et le citoyen est porté à se détacher de la nationalité (éthnicisation d'une part et européisation d'autre part). Dès lors comment vivre ensemble si nous ne sommes plus qu’une somme d’individus atomisés ? S’inscrivant dans la tradition de Tocqueville, ils réaffirment le primat du politique sur l’économique et le social. Selon eux, une société politique digne de ce nom ne saurait se concevoir comme un agrégat d’atomes individuels poursuivant des intérêts purement privés. Leur grand mérite, c’est de diagnostiquer une véritable crise intellectuelle et