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Marcel Gauchet - Extraits

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Voir aussi mon article ici « Nous jouissons de la liberté des Modernes qui, à l’opposé de la liberté des Anciens ne se définit plus par la participation à la vie politique mais, au contraire, par la capacité à se retirer de la sphère publique pour se consacrer aux intérêts privés. Cela signifie que nous risquons de laisser dépérir les institutions démocratiques à force de liberté démocratique. Enfin, l’individualisme comme affirmation de la singularité de chacun se heurte à l’évidence toute opposée d’une banalisation des conduites, d’une standardisation des pensées et des comportements. Ce conformisme individualiste met en cause la capacité des démocraties à former des individus qui soient encore à la hauteur des responsabilités et des devoirs qu’impose le fonctionnement démocratique. » La démocratie contre elle-même, Marcel Gauchet - Paris, Gallimard, coll. " Tel ", 2002, 398 p. « J'avais été étonné, comme tout le monde, par la révolution islamique en Iran, mais depuis,

René Girard - Extraits de textes

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Celui par qui le scandale arrive Extraits 1 Ce débat est d'ailleurs légitime. La culture occidentale est ethnocentrique elle aussi, c'est bien évident, aussi ethnocentrique que toutes les autres et de façon plus cruellement efficace, bien entendu, à cause de sa puissance. Il ne s'agit pas de nier cela mais pourquoi ne pas reconnaître en même temps une évidence historique irréfutable? À la différence de toutes les autres cultures, qui ont toujours été ethnocentriques tout de go et sans complexe, nous autres occidentaux sommes toujours simultanément nous-mêmes et notre propre ennemi. Nous sommes la Majesté suprême et l'opposition de Sa Majesté. Nous condamnons ce que nous sommes, ou croyons être, avec une ardeur peu efficace le plus souvent, mais au moins nous essayons. Ce qui se passe aujourd'hui est un exemple de plus de la passion pour l'auto-critique, qui n'existe que chez les êtres touchés par la civilisation judéo-chrétienne. Celui par qui le scandale ar

Raymond Aron, Sartre et la guerre froide

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Sur le conflit est-ouest, outre ses chroniques, Aron publie en 48 et 51 deux livres où il analyse la nouvelle situation du monde créée par la guerre froide, qu’il préfère d’ailleurs qualifier de "paix belliqueuse". A travers ses écrits il s’engage résolument dans le combat des démocraties contre le totalitarisme soviétique. Il approuve et soutient sans faille la politique américaine qu’il s’agisse du blocus de Berlin ou de la guerre de Corée, ce qui le classe dans le camp des anticommunistes à une époque « où tous les anticommunistes sont des chiens » selon Sartre. Le clivage politique sur l’URSS conduit à la rupture de leur amitié et en 1948 ils se brouillent définitivement,. A un moment où Sartre s’affiche en compagnons de route du PC, Aron est ouvertement anti-stalinien avant la plupart des autres intellectuels français. Au soir de sa vie il en fait son plus grand motif de fierté. En 1955 il publie à leur intention L’Opium des Intellectuels. L’attitude envers l’Urss est à

Sartre, une passion française

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Article du Monde sur la série TV diffusée sur France 2. J'ai vu ce téléfilm que j'ai trouvé bien construit et fort intéressant. A titre historique, il reflète judicieusement le contexte politique des années 50-60 sans toutefois entrer dans le détail de la philosophie de Sartre, chose d'ailleurs impossible à la télé dans un film. On ne peut s'empêcher d'admirer le talent et l'intelligence du couple Sartre-Beauvoir, malgré leurs errements. Par contre le téléfilm tend à faire croire que tous ceux qui ne partageaient pas la cause révolutionnaire de Sartre étaient des fascistes, ce qui est bien évidemment faux et mensonger. Pour le démontrer, il suffit de s'intéresser à Raymond Aron, qui fut à la fois son ami de jeunesse et son opposant le plus convaincu. Voici un petit rappel de leurs destins croisés : Sartre - Aron: destins croisés par Raphaël Enthoven Lire, avril 2005 Les deux écrivains français ont traversé le XXe siècle et l'ont marqué de leur fulg

Entretiens avec Levinas

Emmanuel Levinas

Abélard, l'Aristote chrétien du XIIe siècle

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Tout le monde connaît l'histoire d'amour entre Abélard et Héloïse. On peut lire l’" Historia calamitum ", triste et douloureuse confession, où Abélard nous ouvre les secrets de sa vie et de son âme. Mais il faut surtout lire la correspondance entre les deux époux, retirés dans leurs monastères respectifs après leur séparation. (Cette correspondance a été établie et présentée par Régine Pernoud). Héloïse s'adresse à celui qui est toujours son époux, son bien-aimé, son « unique ». Une correspondance magnifique, l'un des cris d'amour les plus bouleversants qui m'ait été donné de lire. Héloïse fut une jeune fille magnifiquement belle, douée, cultivée, passionnée, une épouse fidèle jusqu'à la mort, une mère aimante (elle éduqua elle-même son fils Astrolabe), la supérieure avisée d'un monastère gouverné avec intelligence, soucieuse de la formation et du développement intellectuels et spirituels de sa communauté, bref une femme accomplie et un modèle

Averroès et Maïmonide, la rencontre manquée

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Averroès (1126 -1198) et Maïmonide (1138 -1204) Tous deux naissent au XIIème siècle dans la Cordoue musulmane. Ils s'estiment, et pourtant ne se rencontrent jamais. Averroès et Maïmonide comptent parmi les penseurs les plus importants de l'Islam et du Judaïsme, et leur influence rayonne encore plus de 800 ans après leurs morts. Comment et dans quels contextes historique et culturel se développent les réflexions philosophiques et théologiques de ces deux intellectuels ? Quels rapports entretiennent juifs et musulmans au Moyen-Age, et quel héritage en gardons-nous ? Une excellente bibliographie illustrée sur le thème de la rencontre entre les deux philosophes et sur la philosophie médiévale en général : ici A lire : le roman de Jacques Attali , La confrérie des éveillés , Editions Fayard (312 p.) 13/10/2004, 19.00 euros Imaginez la rencontre à Tétouan en 1125, de Moïse Maïmonide (1126-1198), jeune médecin juif, avec le philosophe Averroès (1135-1204) afin d'obtenir la grâce