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Les oubliés du libéralisme français

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Henri Lepage vient de publier sur son blog un bel article sur Charles Comte et Charles Dunoyer, 2 oubliés du libéralisme français au XIXe siècle, sous la Restauration. Charles Comte et Charles Dunoyer sont deux disciples de Benjamin Constant, de Destutt de Tracy et de Jean-Baptiste Say (dont Charles Comte deviendra le gendre). Il sont nés juste avant la révolution française et ont autour de 30 ans en 1814, lorsqu'ils créent ensemble le journal Le Censeur qui deviendra Le Censeur européen en 1816. Ils furent, avec Say, les maîtres à penser de Frédéric Bastiat. " Je ne connais, disait Bastiat, en parlant du Traité de législation de Charles Comte, aucun livre qui fasse plus penser, qui jette sur l'homme et la société des aperçus plus neufs et plus féconds ." Comte et Dunoyer sont avant tout des philosophes de la société. A la différence des économistes orthodoxes, leur problème n'est pas seulement de comprendre comment une société crée de la richesse, mais aussi de

Le libéralisme français

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Dans la longue partie consacrée à la France, l'ouvrage de Philippe Nemo aborde les figures de Boisguilbert, de Vincent de Gournay, des Physiocrates et de Turgot. Avec les articles de Gilbert Faccarello, Philippe Steiner, Loïc Charles, Alain Laurent, on découvrira qu'il existe une véri­table tradition de libéralisme économique en France antérieure à toute influence anglaise : Extrait de Histoire du libéralisme en Europe, p. 29 et 30 Boisguilbert est l'élève du janséniste Nicole qui avait dit : « L'amour-propre des autres hommes s'oppose à tous les désirs du nôtre », version de la « guerre de tous contre tous » de Hobbes. Boisguilbert développe la réponse libérale à ce problème, à savoir le marché, dont la vertu est de permettre de rendre complémentai­res les intérêts des uns et des autres, et donc de satisfaire chacun même en l'absence de charité: Dieu n'a pas voulu que le péché prive entièrement les hommes des moyens de vivre. Penser le mar­ché comme un p

Histoire du libéralisme en Europe

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Je voudrais rendre hommage à Philippe Nemo, professeur de philosophie à l'ESCP-EAP et à HEC. J'ai déjà eu l'occasion de parler de lui sur ce blog . Il est, avec Henri Lepage, l’auteur français qui m'a initié à la philosophie de Friedrich von Hayek, grâce à sa thèse sur la Société de droit selon F. A. Hayek. Il a également entrepris une oeuvre d'histoire des idées. On lui doit notamment une magistrale Histoire des idées politiques (en 2 tomes, aux PUF). Dans Histoire du libéralisme en Europe (Philippe Nemo et Jean Petitot, PUF, 2006), il montre, contrairement à l'opinion répandue, que le libéralisme n'est pas un phénomène essentiellement anglo-saxon. Il est représenté dans tous les grands pays d'Europe depuis l'aube des Temps modernes jusqu'au XXe siècle - France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Autriche, Espagne... Dans tous ces pays, il jaillit de la souche commune de la civilisation européenne, à savoir la synthèse opérée au Moyen Age entre les tr

Les cathos et le libéralisme...

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La Nef est un magazine catholique se réclamant d'une " totale fidélité à l'Eglise enseignante et au pape Benoît XVI qui la gouverne ". Je ne peux que souscrire à cette loyauté et j'ajoute que son attachement à la messe traditionnelle en latin attire toute ma sympathie et mon soutien. Malheureusement, son rédacteur en chef Christophe Geffroy publie ce mois de juin un article : Refuser l’hégémonie libérale qui laisse dubitatif... La faiblesse de l'article provient autant de sa tonalité doctrinaire que des nombreuses erreurs factuelles qui traduisent une profonde ignorance de l'histoire du libéralisme, de la philosophie et de la science économique (qui est une partie de la philosophie morale). Le titre, qui rappelle les manifestes altermondialistes et complotistes qui pullulent sur le net, a déjà de quoi déplaire. Mais dès les premières lignes de l'article de Geffroy, mon impression se confirme en lisant ceci : "Bien que Tocqueville ait été françai

Le système totalitaire

Hannah Arendt, la notion de totalitarisme envoyé par lewebpedagogique

Les origines philosophiques de Mai 68

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La révolution de Mai a été portée par un courant philosophique français héritier de Nietzsche, de Marx et de Freud. Dans ce courant, Althusser, Foucault, Deleuze, Derrida, Bourdieu, selon des démarches très diverses, avaient tous un objectif commun : la déconstruction des normes et des pouvoirs, accusés d’exclure, d’opprimer et de nier les différences individuelles. Cette haine des normes continue d’imprégner profondément un certain nombre de médias et de responsables politiques. Cette philosophie hédoniste-libertaire des « sixties » a d’ailleurs été remarquablement analysée et critiquée par Luc Ferry dans un livre écrit en 88 avec Alain Renaut « La pensée 68. » Or tous deux montrent que la « pensée 68 » trouve ses origines dans une contestaton radicale des valeurs occidentales, condamnation de l’universel et de la raison, dissolution de l’idée de vérité, mort de la philosophie et culte des sciences sociales. Luc Ferry et Alain Renaut repèrent 4 caractéristiques de la pensée 68 : 1° l

In memoriam Jean-François Revel

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Jean-François Revel est mort il y a bientôt 2 ans. Il était à l'honneur le jeudi 31 janvier à l'Académie française. Max Gallo, son successeur au fauteul n° 24, lui a rendu hommage comme le veut la tradition. Discours de réception de Max Gallo à l'Académie française (texte intégral) Extraits de ce discours Ici , une interview de Revel qui date de 1997, suite à la sortie de son recueil d’articles Fin du siècle des ombres. On peut y entendre Revel parler de philosophie. L’entretien dure 53 minutes. (Faire un clic droit et "enregistrer sous") J'ai passé à mes élèves un film d'entretiens de Revel avec Bernard Pivot. C'est un excellent DVD que je recommande à tous. Revel y explique pourquoi le communisme a pu tromper tant d'intellectuels. Il y explique ce que signifie pour lui la gauche et la droite. Un brillante leçon de lucidité et de liberté. En 1997, Bernard Pivot invite Jean-François Revel (1924-2006), jo urnaliste, é crivain, directeur de collec